


Alors que l’Italie boude cette année son Rototom en le reconduisant à la frontière espagnole, la côte Ouest des USA reçoit ses habituels rendez-vous Reggae de début d’année. Instigatrice de l’un d’entre eux, Makeda, « déjà là en 1974 pour le passage des Wailers », a instauré à San Diego « le Bob Marley Day, dans une des capitales reggae des Etats-Unis ». Rebaptisé depuis un an « Tribute to the Reggae Legends » (en faisant honneur cette année à feu Ronnie Davis et Yabby You), elle y affirme suivre le mot d’ordre Rasta , « avec un but commun, mais tant de routes pour le concrétiser ».
Pour bien saisir la portée et l’engouement d’un tel festival, il faut d’abord avouer que l’on pourra difficilement transposer en Europe ce professionnalisme à l’américaine, ni cet état d’esprit cool et zen d’Unité : Un rassemblement sous la même bannière vert jaune rouge (chacun accoutré le plus flashy possible), en osmose avec son temps pour combattre les maux de la société (racisme, pollution, non respect de la nature), mais surtout l’occasion de se retrouver entre minorités par amour d’une même musique et dans des conditions optimales. Avec un soleil au Zénith et sa file d’attente longue et souple, ce 29ème opus sera donc grandiloquent, et pourtant totalement décontracté. Au cœur d’un vaste Mall (centre commercial), le Sports Arena promet d’être immense (deux prix d’entrée


Les Twinkle Brothers étaient au complet, avec Black Steel et leur sonorisateur, mais Della Grant supporte toujours aussi mal d’introduire son groupe avec du lover, plutôt que les hits Africa, Never get burn ou Faith can move Mountains que Norman Grant dévoilera ensuite dans l’ordre. Les classiques s’enchaînent et le backstage VIP est en folie jusqu’à Repentent… Il n’y aura pas de morceaux de leur dernier album et un son assez envahissant, les salles plus petites leur faisant sûrement plus honneur. Tribal Seeds, six musiciens américains très populaires ici (dont une guitare assez bluesy et un batteur non averti) sont ceux qui rencontreront le plus de ferveur : Entassé devant la scène, un public teenager allumera ses briquets, et reprendra en choeur leurs textes. On observera la même nonchalance et les mêmes rengaines qu’avec nos groupes locaux, ceux d’ici finissant leur set avec une reprise de Steel Pulse, signe aussi surprenant que significatif de leurs inspirations plus européennes que Jamaïcaines. Don Carlos est aussi chez lui et sera le meilleur représentant du Reggae pur roots jamaïcain de la soirée : Il sort un nouvel album intéressant, possède un son énorme, et un groupe Californien avec de bons cuivres. La voix de cet ange est plus grave qu’hier, mais il surfera pour nous un superbe riddim Drifter, osera un Black out in the Ghetto à ca

Gregory Isaacs n’était pas aussi bien préparé mais le public l’a porté tout au long d’un show classique et un peu poussif, avec un guitariste trop limité et pourtant mis en avant. Il sera à jamais le Number One avec le nombre incalculable de hits qu’il possède, et ne bâclera pas, n’omettant pas le Night Nurse qui a vu tous les téléphones se dresser, comme pour capter une dernière fois la légende… Martin Campbell fête lui son retour sur ces rivages californiens, en choisissant les membres du Soul Syndicate (pour la plupart éxilé en Californie), le dernier VRAI groupe de Reggae officiant toujours (renommé Fully Fullwood Band car sans Chinna Smith). Et l’on se hâtait de voir cette création toute récente s’exprimer sans réelle préparation. Le son envahissant a gêné un peu Tony Chin

Epaulé par la main de Jah à l’entrée (malgré un petit retard qui m’a fait zappé Sister Carol), je me retrouvai à ses cotés tout le long du concert, illuminé et apaisé, dévisageant les visages des gang barrios environnants (impressionnants), puis découvrant son visage humble et sa stature imposante en backstage, avec les amis des Twinkle Brothers. Vous verrez peut-être ce Messie sur les prochains clichés de Seb Carayol, journaliste de Natty Dread, à qui je dois beaucoup d’avoir été là-bas. Les concerts démarrant toujours tôt dans l’après-midi (14h) pour permettre un déploiement de forces limité jusqu’à Minuit, il restera du temps pour rêver à cette journée dans la douceur de la nuit, avant de revivre ce même festival la semaine d’après, à Long Beach et sur deux jours : Les Aggrolites et Ken Boothe apportaient peut-être la touche Oldies qui faisait défaut à la soirée de San Diego (qui n’a d’ailleurs pas cité le guitariste vétéran Lynn Taitt, pourtant un voisin canadien décédé récemment). Mais ne leur cherchons pas de lacunes, car on nous accuserait vite de jalousie, et on aurait raison ! Economisons donc dès demain pour un tel voyage, et faisons nous avant tout une autre idée de l’Amérique : Il n’y a que là bas que l’on peut encore vivre ce genre de soirées, un conte de fée… en plein royaume de Babylone. X-Ray.