Synopsis :
Sur les traces fictives d'un de ces
nombreux groupes anonymes que la Jamaïque a essaimé pendant la
période dorée du Reggae, un témoin nous fait part de l'autre
moitié de l'histoire :
En partant rechercher les Guests
en Jamaïque et ailleurs, il nous fait découvrir pourquoi et comment
le Reggae s'est développé tout en restant unique. Prenant les
chemins de traverse, il rend hommage à quelques autres grands noms
oubliés, spoliés, dénaturés, ou simplement malchanceux... mais
qui ont eux réellement existé !
ROMAN (Fiction) inspiré par la carrière des groupes et artistes de Reggae ayant vécu en Jamaïque, au Royaume Uni, aux USA et en France.
2012, 10th May / Eddie's notes (0:04) - Chapter One -
© S. SEGLAN (2017) :
© S. SEGLAN (2017) :
Le choc. Sur cet extrait du vinyle enregistré en
numérique mp3, on entend même la petite déflagration, après la
lente descente progressive du diamant sur cette surface rêche, quand
elle le touche, suivi des craquements familiers qui enrobent les
premières notes de ce « Toughest bean » , un single 45
tours gravé il y a plus de vingt ans...
Dès le premier martèlement de caisse
claire m'est revenu l'odeur sortant de l'armoire du studio de Channel
One où s'entassait tout un tas de fils plus ou moins déstructurés,
mais qui pouvaient sauver une prise. J'étais souvent chargé d'aller
y chercher un raccord. Je n'ai plus entendu cet air là depuis 25
ans, alors que j'avais même participé à son enregistrement !
Très vite, des visages se forment, et sur le mien, une larme glisse.
Je tape du pied dans le rythme. C'est magique. Des cris d'exclamation
semblent sortir de ma barbe naissante, les yeux me piquent et je vois
les membres des Guests devant moi :
Arthur, Louis et bien sur Andrew le
chanteur, Vernon a la gratte, Lloydie aussi et Demba aux percussions.
Et le terrible Rootsy quand il faisait le DJ, comme sur la fin de ce
« Toughest Bean » ! A l'époque, les tubes qui
poussaient la chansonnette jusqu'à faire intervenir un DJ à la
suite étaient légions, mais sur un format long, en maxi 12''. Là,
on avait poussé le vice à le faire rentrer avant les trois minutes
du morceau. Pour l'instant le refrain plaintif est poussé au
diapason par les trois premiers noms reconnus, et ce dès l'intro,
dans le plus pur style du trio vocal jamaïcain. Je tend l'oreille
pour me rapprocher et déceler le jeu de chacun des musiciens.
L'enregistrement ? 1977, pas de doute là-dessus. L'ingénieur ?
Ossie Hibbert, qui n'a pas non plus laissé poussé la Gloire autour
de lui et reste un inconnu de la sphère Reggae. Mais un bon gars,
presque honnête. 2 heures pour 3 morceaux, le vocal, le dub, et le
morceau chanté sans le toast de Rootsy justement, une autre prise
voix avec un autre texte, version inédite qui n'est jamais sortie.
Qui est perdue. Qui n'aurait jamais existé... ? Mais qui était
bien là dans cet esprit collectif qui nous unissait. Et qui nous a
séparé ensuite …
« Everybody from the north and
South, everyone must be your equal one, everybody from the east until
the west, no one 'll succeed to be the best... ».
Ça y est, Rootsy se déchaîne et envoie le jus. Les guitares décollent et rassemblent quelques notes bleues sur un skank haché et des cocottes trépidantes. Ce n'est plus une larme mais une goutte lourde de transpiration qui coule sur ma joue, la chaleur tropicale a envahi mon salon malgré la clim hi tech que j'ai faite installé. A 2:30, le player s'arrête net. Le silence, le froid et la clim reprennent le dessus. Je sors une de mes cartes de crédit, appuie sur « buy it now » au dessous d'un montant à quatre chiffres. Peu importe, je m'écouterai la fin de ce titre très bientôt... Non, mieux, on se l'écoutera tous ensemble, j'irai les retrouver, ces « Guests », et ils seront surpris d'entendre leur morceau, et encore plus étonnés d'apprendre la côte de ce single dans le cercle des collectionneurs !
Ça y est, Rootsy se déchaîne et envoie le jus. Les guitares décollent et rassemblent quelques notes bleues sur un skank haché et des cocottes trépidantes. Ce n'est plus une larme mais une goutte lourde de transpiration qui coule sur ma joue, la chaleur tropicale a envahi mon salon malgré la clim hi tech que j'ai faite installé. A 2:30, le player s'arrête net. Le silence, le froid et la clim reprennent le dessus. Je sors une de mes cartes de crédit, appuie sur « buy it now » au dessous d'un montant à quatre chiffres. Peu importe, je m'écouterai la fin de ce titre très bientôt... Non, mieux, on se l'écoutera tous ensemble, j'irai les retrouver, ces « Guests », et ils seront surpris d'entendre leur morceau, et encore plus étonnés d'apprendre la côte de ce single dans le cercle des collectionneurs !
Roman à paraître.