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lundi 30 mars 2009

VOYAGES EN CLASSE AFFAIRE

Débarrassées de leur étiquette anglo-saxonne de « world music », les musiques du monde étaient une fois de plus à l’honneur du Babel Med, chacun des 60 pays représentés ayant pu ouvrir ses frontières aux sons de ses voisins.

Un vol réussi pour ce cinquième éduc-tour musical, qui a acceuilli plus de 30 groupes évoluant entre tradition (Houria Aïchi, les Bantous de la capitale) et modernité (Nidi d’Arac, Istambul Calling). Certains ont été récompensés via 9 remises de prix, méritées quand on a écouté la pureté des chœurs maorés de Déba ou la richesse musicale de Kristin Asbjornsen. Une rencontre de sons et d’artistes, comme le soulignait déjà à la conférence de presse la compagnie Rasségna: Leur dernier projet, Zaman Fabriq, né dans les couloirs du Babel Med lors de sa précédente édition, s’est révélé être un des moments les plus intéressants. On ressentit moins de ferveur pour Le Rock insulaire de Baster que pour le flow étonnant de Kumar, ce rappeur cubain émigré en Espagne. Et autant d’applaudissements pour Sayon Bamba sur scène qu’à l’écoute de la programmation des DJ, les beats cosmopolites de nos locaux Goldenberg et Shmuylle ou l’électro-dance roumaine de DJ Clik offrant un mix bien plus réussi que celui du kuduro de Galliano. Il ne fallait pas non plus rater l’ovni Aronas, un William Sheller qui aurait laissé ses doigts dans la prise, les Noir Désirs méditerranéens de Sam Karpiéna ou le phénomène occitan de la Ciotat, Moussu T, dans un chapiteau à chaque fois comblé (17 000 spectateurs en trois jours). On est donc débarrassé de cette image lascive et inerte de sons trad’ étrangers pour adhérer à une musique plus balancée, « entre ethnique et technique ». Mais Bab El Med est aussi un lieu d’affaires privilégié pour plus de 700 professionnels, sur ce marché glissant de l’industrie du disque. Ne subissant pas trop (pour l’instant) le téléchargement, ils se regroupent (comme Equation Musique), échangent leurs points de vue (comme chez nous Phono Paca), et surtout vendent leurs dates dans les salles et festivals européens (les plus gros comme l’EFWMF étaient présents, pour préparer 2010). La meilleure des politiques est souvent d’afficher un optimisme débordant pour ses artistes. La confrontation de stratégies communes s’affiche dans un climat de crise, de tracts éparpillés et de gobelets de café renversés, sans compter la difficulté du clivage du langage et la cacophonie des concerts dans la grande salle, seul hic de ce festival ad hoc, qui n’a pas aidé certains groupes, comme Novalima en particulier. Pas non plus de représentant de la Culture Antillaise et de son pendant jamaïcain, chose quasi-incompréhensible ici mais redondant dans ce festival : Le reggae reste pourtant une des influences que l’on a vu jaillir du set de groupes comme Kumar, Rupa, Dj Click, ou Wasis Diop qui enregistrera son prochain album en Jamaïque. Une autre inspiration commune est la tendance d’un jazz accessible à tous, jusque dans la douce folie de Rupa et ses April Fishes. Il faut donc désormais gommer les frontières et défendre son appartenance mondiale pour pouvoir mixer sa sauce dans une recette globale, une leçon d’ouverture qui évite les clichés au prix peut-être de l’originalité… Une météo mitigée a couvert ce marché mondial : Il y a eu du mistral pour faire courir le « buzz » des découvertes de demain et quelques chauds moments (une danseuse de claquettes qui vient impromptu se consacrer face au Kora Jazz Trio, le meilleur groupe du festival, moi je dis bravo !). Mais aussi une bonne averse pour rester les pieds sur terre, lors de conférences de presse intéressantes au sujet de la mort du cd, du soutien d’artiste, ou de l’avenir des radios qui passera par le web notamment. Le constat se veut positif, quant aux innovations proposées et au développement des techniques dans les pays les plus pauvres. Si en matière de chances de succès l’opposition Nord-sud disparaît, le Festival Babel Med aura réussi un de ses engagements, il pourra alors se targuer de devenir LE Festival de LA Musique du Monde… (de notre envoyé spécial pour le magazine Zibeline...)