dimanche 23 novembre 2008
SONGS IN THE DREAM OF LIFE
Chacun de nous a dû rêver un jour, à la sortie d’un concert, de rencontrer ces artistes REGGAE qu’il a vu sur scène, pour prolonger le plaisir de la soirée par une jam-session où ces deux peuples si différents pourraient s’unir, autour de rires et de chants (même si c’est pas tous les jours le printemps…) et partager un instant notre passion pour le REGGAE, dans une ambiance cool, pas prise de tête. On a déjà pu concrétiser dans le passé ce genre de rencontres, grâce à des tourneurs avisés, comme Aziz par exemple, qui prenait le soin d’accompagner les artistes dans la ville, ou d’autres qui les logeaient chez eux : On se rappelle des Gladiators coincés dans le sud, cherchant une date, et de tous ceux qu’accompagnait Hélène (différente d’Hélène Lee, la journaliste à Libération native de la cité phocéenne elle aussi) lors de leur venue dans les années 80. On a encore souvenir du check de Misty in Roots, des délires de Joseph Hill, de la rencontre avec Scratch, ou du fils Kymani Marley venu au Poste à Galène après son concert du Moulin « boeuffer » avec les Improvisators Dub ! Que de bonnes vibes ! Quand il y a eu (enfin) le Reggae Shop à Marseille, en 1993, on a pu y voir, à chacun de leur passage, I Jah Man, Toots, Horsemouth, Style Scott, c’était devenu encore plus facile ! On a même eu des Abyssinians très énervés revendiquer le vrai nom du groupe, et le chanteur de Maytals nous confier un rôle d’avocats pour arrêter tous ceux qui fournissaient ses disques ! On a même fait rater le début du set à certains, au fond de la cave de la Rue Jean Roque… Mais ce n’était pas pour déboucher de grands crus, juste pour partager des vibes de manière un peu plus inédite que sur scène.
A chaque fois, on était tous d’accord qu’il aurait fallu les inviter plus longtemps, deux-trois jours de plus pour les caler dans la garrigue à respirer l’air et le « spririt » de la Méditerranée : Massilia, porte de l’Afrique, un continent à la fois si près et si éloigné de la Jamaïque… Peu de temps après, les aubagnais de Kabba Roots sont arrivés à nos fins, en contactant la base de toute la Culture Jamaïcaine, le groupe des Mystic Revelation of Rastafari, et en invitant Moses, puis Puttus et Fuzzy à venir répéter dans les vignes pour plusieurs tournées.
La toile reggae tissée à MARSEILLE a subi les vents et marées habituels, les méfiances de certains, et l’opportunisme de gens moins avisés, ou qui n’y voyaient pas le même intérêt…
Malgré un fort Mistral ce Samedi 22 Novembre, on est arrivé à reproduire à nouveau cet instant magique, avec la venue au Poste à Galène de Winston Mcanuff, et de son Black Kush band, et le légendaire Earl Chinna Smith dans ses rangs.
Déjà, à la sortie de l’hotel, on a vu Chinna avec sa guitare, en route pour un interview radio avec Seb de I-manity Sound : Il ne la quittera pas de toute l’émission. Ce « Live and direct » magique est à écouter dans la semaine sur le site de la radio ( http://radio.galere.free.fr/emissions/emission.php?nom_emission=I-Manity ), et vous en retrouverez des extraits bientôt sur ce blog !!
En pleine milieu de l’émission, c’est Daddy Whittie (une "vieille" connaissance, et grand ami de Sugar Minott) qui appelle pour nous faire part d’un scoop, la venue sur scène en guest de KIDDUS-I : Qui ? Oui, l’original singer vu dans le film Rockers, en train de chanter « Graduation in Zion », et qui a fait partie plus récemment des enregistrements « Inna de yard » de Makasound. Logique, Kiddus I avait déjà joué avec Chinna au Ja Sound, pour la réunification du Soul Syndicate, et 4 heures de concerts anthologiques en compagnie de Tony Tuff, Big Youth, et j’en passe. Winston Mcanuff était lui aussi aux anges, retrouvant une partie de sa famille (son frère, qui a développé sa carrière de guitariste Blues au Japon,un autre de ses frères qui a chanté aussi, et même son fils qui l’accompagne à la batterie), dans un pays devenu sa seconde patrie…
A partir de là, il était naturel de donner le meilleur, sur la petite scène étriquée du Poste. Pas de cuivres, une énergie difficile à renouveler, mais un charisme sincère sur un backing band plus qu’efficace. Chinna, en démarrant par un set acoustique, n’a pas pris le chemin le plus facile. Vexé, car pas écouté, il n’a pas été respecté. Il est resté ensuite dans l’ombre du chanteur, et c’est là la seule ombre au tableau justement. Le public marseillais n’est toujours pas préparé pour ce genre d’expérience…
Même si toute la troupe était déjà fatiguée, il fallait terminer cette dernière date de la tournée en apothéose: D’anciens amis marseillais de Winston (qui avaient mis sur pied une Dubplate session ici lors de sa venue avec Horace Andy) ont donc décidé d’emboîter le pas dès la fin du show, par une jam session à la Barrasse… Au départ une « Calypso Birthday Party », pour Steph, longtemps apprécié dans le circuit reggae à Marseille autour de pionniers comme Jo Corbeau, cette soirée permis de recroiser le staff de Makasound, Big Bouddah, le Dub Akom, Dreadlocks 13, et retrouver là avec surprise Cyril Benhamou, touche à tout musical avec d’autres pourvoyeurs de sons, pour une surprenante petite teuf’. Le Black Kush a vite fait de s’emparer de la Batterie, ou des percus, pour donner le tempo à cette soirée privée, et Winston Mcanuff ne sait pas fait prier pour lui aussi marquer le coup de quelques inspirations-impros bienvenues… Les photos arrivent, ne soyez pas si impatients… Vous regrettez déjà de ne pas y être aller? Mais de là à écouter Kiddus-I se déhancher et « scatter » au micro sur du Ribald Calypso, c’était quasiment surréaliste.
En fait, tout çà s’est fait naturellement, comme si (et c’est bien le message de Chinna sur l’antenne du 88.4 F.M), c’était pour le plaisir, et le plaisir uniquement, qu’il fallait vivre ses moments là.
Ne pensons donc plus à ces pirates qui veulent la peau des rebelles pour augmenter leur butin de ré-éditions illégales, à tous ceux « en place » qu l’on a croisé avec leur sourire forcé. N’essayons même pas de tirer de plans sur la comète pour le prochain Ja Sound, ou d’imaginer ce que sera la prochaine rencontre avec ces rastas reggae. Inutile de s’en faire, tout cela est naturel, et il y a déjà un bon moment que MARSEILLE est prête à vivre ce genre de rencontres ! Et cela se sait jusqu’en Jamaïque, où l’on a su que quelques cassettes de Jo ou de votre serviteur restaient collés à leurs auto-radios…
Ps : Merci à Chocolate Wondah Bwoy pour quelques uns des clichés...