WELCOME !

MIX RAY SOUND ! Fresh 2019...

Affichage des articles dont le libellé est Aux frontières du genre.... Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Aux frontières du genre.... Afficher tous les articles

samedi 4 juin 2011

Rebels ou Gentlemens

REBELS OU GENTLEMEN ?

Doucement mais surement, la vague Reggae s’est retirée dans l’Underground, coulant des jours incertains sans trop s’en faire (à la Jamaïcaine, quoi !), avec en son fond des projets ambitieux et des oubliés qui n’ont pu saisir leur chance… Sur le sable Jamaïcain, trainent toujours la trace de ces messagers excentriques, trop intégristes pour embrasser la portée universelle du Reggae : Vybez Kartel le Don s’explique (?) sur un site français, Buju Banton est en taule aux Etats-Unis, Risto Benji s’est éteint en Jamaïque (mais le DJ n’était pas un enfant de choeur) et même l’Anglais Chukki Starr a été annulé à la dernière minute (Sound-system prévu à Aubagne) car on a trouvé chez lui à Londres tout un arsenal… On avait aussi eu droit à une drôle de boulette à l’Anglaise quand ils avaient supprimé Smiley Culture, qui tentait de fuir son domicile ou était entreposé armes et drogues diverses. Tout cela ne respire pas le Flower Power, et l’on arrive même à s’en désintéresser… Même si ce n’est pas votre came, le Africa Calling de Tiwony vous réconciliera peut-être avec le coté militant du Reggae, mais les visages pales n’ont pas l’air vraiment attendus dans leur Eglise !...

De l’autre coté de cette plage musicale très affutée, certains artistes européens se sont ancrés dans le PAF Reggae, qu’ils soient jamaïcains ou blancs, voire les deux ! Alborosie en Maître pose sur chaque style aussi facilement que les insulaires, et pourtant il est Italien. Alpheus et Gappy Ranks en Angleterre sortent des morceaux sur des rythmiques bien plus soignées que ce qui se fait là-bas. L’antillais Taïro, Patrice et Gentleman sont à l’affiche dans le Var pour la soirée Reggae de leurs « Couleurs Urbaines », ils n’ont donc retenu aucun authentique Jamaïcain cette année…

En Mai dernier c’était Alborosie, Alpha Blondy et ce même Gentleman qui se retrouvaient en Live à Paris. Ce dernier sort aujourd’hui un double album Live et un DVD enregistré au Summerjam (le plus gros festival européen de Reggae, installé à Cologne en Allemagne) pour son 25ème anniversaire. Il fallait donc aller voir de plus prêt cet ersatz de Reggae Germanique, qui sonne franchement aussi bien si ce n’est mieux que les dernières sorties de « Yard », et qui nous vient pourtant d’un pays pas à proprement parler concerné par le Reggae !



Alors première question, est-il besoin de toujours aller en Jamaïque pour y enregistrer ?

- Les albums naissent aujourd’hui de différents endroits, New York, London, Berlin, cela n’influe pas sur la manière de les faire, mais quand tu vas en Jamaïque, et spécialement à Kingston tu as des solides vibrations créatives, il y a tant d’artistes, de producteurs, je suis connecté à la source…J’ai de nombreux amis, avec qui je travaille. Je travaille aussi sur la route, avec mon groupe, on a plus besoin de gros studios tu sais, les choses changent… Mais j’ai besoin d’un retour aux choses analogiques. Pour l’âme d’une chanson, c’est mieux d’avoir un groupe, de le développer ensemble. Le Reggae est versatile, le son du Dancehall est bien aussi. C’est maintenant une super opportunité pour les jeunes de pouvoir enregistrer leurs riddims soi-même facilement, ils font une musique vraiment formidable, comme par exemple Steve Mc Gregor. C’est même difficile de reconnaître au final ce qui est digital... C’est partie intégrante de cette Musique, mais pour le Roots il faut revenir à l’analogique…

Et chanter en allemand, ca ne te vient pas ?

- J’écris en Anglais, c’est plus facile, même si ma langue maternelle est l’Allemand. La façon dont je suis entré dans cette musique s’est fait par le Patois, je suis allé en Jamaïque, je suis tombé amoureux du Reggae, et j’y passe beaucoup de temps, à parler Anglais. En plus, cela suit aussi l’objectif de toucher tout le monde au niveau international : Si je chantais en Allemand, seul mon peuple et peut-être les Suisses et le Autrichiens me comprendraient ! Si le monde entier parlait Espagnol, je chanterai en Espagnol, mais là nous parlons Anglais, non ? La plupart des discussions faites autour du Reggae sont en Anglais, donc quand j’écris, ma première inspiration est l’Anglais… Cette langue allemande est riche, mais en plus je n’aime pas trop le son, même si des groupes comme Seeed l’utilisent bien. Pour moi, cela me ferait redémarrer à Zéro si je voulais créer quelque chose en Allemand !

Qu’est ce qui a installé le son Jamaïcain en Allemagne, des artistes, des soirées, des radios ?.

- Je ne sais pas trop comment cela est arrivé, et si cela est arrivé d'ailleurs, car moi, quand j’écoute la radio, il passe pas de Luciano, ce genre de choses, ils passent du Lady Gaga ! J’espère toujours voir le reggae dans une ligne « mainstream » pas au sens négatif, mais plutôt dans l’idée de diversifier le Top 10 en Radio et Télé. En France il y a je pense beaucoup de stations où tu peux passer pas seulement ce que le Boss veut que tu passes ! En Angleterre, il y a eu le réseau Pirate, très important pour le coté Culturel et anti-commercial de la Musique. En Allemagne, ils ont raté cette chose-là, il y a beaucoup de sound et de producteurs, beaucoup d’artistes qui font cette musique mais il y a un manque certain du coté des médias…

Peut-être ont-ils été plus ouverts au Dancehall ?

- Non, je pense d’ailleurs que le phénomène est mondial, pareil partout ailleurs. Je suis un grand voyageur, le Dancehall n’est pas plus populaire, bien sur il y en a plus dans les Charts et en Radio que du Roots, et c'est vrai en Jamaïque bien sur, mais on est allé en Amérique du Sud, en Californie, on écoute du Roots, Burning Spear, Anthony B, pas du Vybez Kartel. Et en Afrique c’est pareil, le Dancehall est moins culturellement développé…

« Si t’es pas Jamaïcain, tu n’es pas Rastafari », alors d’où peut venir ton inspiration ?...

- L’Inspiration est là, tu dois juste t’ouvrir à cela… Elle se révèle à toi, si tu n’a pas peur de te faire mal…Voyager, parler avec les gens, écouter des musiques différente, c’est cela mon inspiration… La Nature elle-même est Inspiration, lire un livre, regarder les News peuvent être mon inspiration. Mais il y a un moment de créativité qu’il faut sentir, qu’il faut connaître. La créativité elle n’est pas permanente. Ce n’est pas toujours que l’on crée, il faut prendre ce moment comme un cadeau, et ne pas remettre à demain ce moment de créativité. Je me sens aussi responsable quant aux contenus de mes textes, même si pas tous les textes ont besoin d’une certaine profondeur et philosophie, car tu peux faire une belle chanson d’amour, et c’est tout ! La Musique au départ est un divertissement, mais si tu vas plus loin, tu es devant quelque chose de spécial, tu peux avoir un super texte, mais sans une bonne mélodie et un bon groove, on n’écoutera pas ! Par contre, si c’est le cas, les gens s’identifieront à ta chanson, et là c’est encore plus puissant… Tu as une pensée en toi, tu es seul, et puis tu entends une chanson qui exprime ce que tu ressens, et alors tu te sens réconforté, c’est cela pour moi le vrai Pouvoir de la Musique !... Quand j’écoute du Reggae Roots, cela me donne l’énergie !

Gentleman était à Paris sur la même affiche qu'Alpha Blondy et Alborosie, Albo a dit sur scène que tu étais son "Frère', quel est ta réponse?

- Bien sur qu’on est frère, et Alpha est son père ! Je le connais depuis très longtemps, on s’est rencontré en Jamaïque, il était producteur et chantait de temps en temps, je lui ai alors dit qu’il devait utiliser plus sa voix, qu’il avait ce talent, il chantait alors en Lead « Jamaica » qui disait que la Jamaïque te manque dès que tu t’en vas, c’était pour moi un Hit ! Je suis fier de voir que cela a marché, c’est un amoureux du Reggae tu sais, il a dans le sang, il joue de tous les instruments, il produit tout lui-même, c’est un fanatique, un vrai, je suis très heureux de son succès dans le monde entier, il le mérite ! Alpha a fait beaucoup pour le Reggae, et quand je te parlé de la portée du Reggae qui est plus qu’un simple divertissement, c’est ce que défend cet artiste. Quand tu vois l’expression dans les yeux des gens à ces concert, c’est très puissant, c’est vraiment un messager pour ces gens…

Une chanson vous lie tous les trois, car vous la chantez, c’est Jérusalem, vous auriez pu la chanter ensemble, non ?

- On l’a chanté ensemble pour moi, on était sur scène, on a utilisé le même micro probablement. On fait tous les trois la même musique, pas la peine de se retrouver à la chanter ensemble.

Le chanteur de Groundation tourne actuellement avec un hommage à Bob Marley, est-ce qu’il est prévu quelque chose de spécial ?

- Je loue Bob chaque jour, chaque fois que je joue du reggae. Il est la raison même pour laquelle je fais cette musique ! Et pour laquelle je parle musique avec vous aujourd’hui. C’est le Prophète ! Sa musique influence la mienne, c’est un hommage de chaque jour , pas besoin d’anniversaire pour les 20 ans ou les 30 ans, je le fais chaque jour !

C’est donc grâce à Bob que tu sors aujourd’hui un double cd live, un Best of en quelque sorte ! !

- Yes, ce Live est la combinaison de mes trois derniers disques. Mais le public sait que les versions live de nos morceaux sont différentes qu’en studio, différents arrangements et différente énergie, c’est vrai qu’un live peut avoir la mauvaise réputation de ne reprendre qu’un album, mais là c’est vraiment différent. Il y avait en plus une grosse demande, notre dernier Live était de 2003 !...

Alors pour finir, cite nous ton meilleur album Live de tous les temps ?

- Il y en a tellement, par exemple le Live d’Ayo ( !), Sizzla à Brixton avec le Firehouse Crew, Le Bob à Zimbabwe, le Peter Tosh à Los Angeles, le Barrington Levy à San Fransisco, on va en parler jusqu’à demain !

samedi 2 avril 2011

MISSION 2011, OBJECTIF BABEL !:

La mission : Retrouver la trace du Reggae dans les musiques du monde. Objectif, la planète Babel Med, où un salon professionnel s’établit chaque année pour y présenter ses artistes en demande de concerts, et ses festivals en demande d’artistes. Localiser la Jamaïque dans ce dédale de stands est un parcours plutôt chaotique : Un retour en arrière nous prévient que les autres éditions du Babel Med n’exposaient guère plus les couleurs rasta - à l’exception de Baster de la Réunion et de repousses actuelles fleuretant avec le genre comme les locaux du Massilia, ou Rupa, Terrakota, et autres Novalima. Prenons garde et ouvrons l’œil ! Sa programmation est inversement proportionnelle à sa renommée internationale mais, plus grave, l’espèce originelle serait en voie d’extinction là-bas alors que des clones se reproduisent aux quatre coins du globe : On peine à trouver du renouveau sur l’île de la Jamaïque, alors que partout ailleurs, au travers de leur Histoire, chaque peuple a su donner un nouveau sens musical à leur message par le vecteur du Reggae… Aucun natif de l’île n’est donc visible ici, quelques spécimens déjà vus sur le terrain ont même disparu depuis, comme Makasound qui présentait « Inna de yard » l’an dernier, et qui a enterré son label il y a quelques semaines… Cette année, seul Music Action (regroupé avec Soulbeat Records) affiche clairement sa position, posters reggae et concert des Wailers annoncé derrière leur stand, mais peine à trouver un bilan positif de l’évènement, le Reggae traversant comme les autres le même nuage de crise! Alors quand on lui apprend qu’il y a quinze évènements reggae à Marseille le mois prochain, il sait que certains vont en pâtir… Alors pourquoi ce malaise ? Pourquoi cette mauvaise mise en valeur ? Le Reggae se décline en « une » des musiques du monde comme la Salsa ou le Kuduro pour tous ceux qui n’y voient que l’apanage nattes-ganja-trois couleurs rasta, mais il est classifié dans les musiques dites actuelles proche du Hip-hop pour tous les défenseurs de l’authenticité des musiques World… Pas assez typique car trop universel, c’est la rançon de son succès ! Les pays à l’Est de notre territoire ont digéré depuis bien longtemps les musiques à la sauce Reggae, et proposent souvent un échange et une mixité musicale dans leurs festivités world, pas nous. Il a fallu attendre ici l’explosion du Reggae français, une onde de choc qui a réveillé labels, producteurs et tourneurs. Revenu de cette vague éphémère, le Reggae Africain est le seul qui s’accroche au bateau en digne garant des musiques typiques noires, seul Takana Zion est donc « vendu » comme un pur produit reggae world sur le stand de son tourneur. Dire que les Jamaïcains ne comprenaient pas au départ pourquoi sur une affiche ils étaient écrit en plus petit que nos pousses locales (On se rappelle de Ras Michaël et Pierpoljack !...), Aujourd’hui, ils ne comprennent pas non plus comment ils n’ont pas profité de ce tsunami reggae en France. Dans cette exploration, on y découvrira donc d’authentiques passeurs (de Nouvelle Calédonie à Liverpool) mais on se rendra vite compte que quand on est indépendant et auto-labellisé, on n’a pas le même poids et on ne peut pas exiger les mêmes tarifs (les cachets d’artistes augmentant avec la baisse de leurs revenus sur le disque, beaucoup de Jamaïcains sont trop gourmands quand ils s’approchent de nous !). Si infime puisse en être les débouchés, le stand de la Guinée ou de la Somalie a certes eu le mérite de s’exposer à coté du Flamenco et des musiques plus nobles, plus « classe », avec à chaque fois des artistes de valeur. Mais lorsque l’on enquête sur les perles rares en Reggae, on a la mauvaise surprise de voir certains représentants nous dire qu’ils en ont pas (ou alors « un titre sur une compil », alors que rentré à la base, on en découvrira plusieurs…), et d’autres bien avares de renseignements (ou de cd) sur leurs progénitures (ont-ils écouté ce qu’ils vendent ?). Une sélection musicale vous permettra donc ici d’apprécier tous ceux qui trente ans après la mort de Marley, ont répandu son message dans le monde entier, et dont on a trouvé la trace sur ce salon, une empreinte que leurs représentants (tourneurs, producteurs) n’ont en majorité pas l’air de vouloir suivre ! Pour ne pas rentrer bredouilles, on a quand même du passer l’épreuve des cocktails apéros et accéder aux docks pour les trois soirs de concerts. Encore plus flagrant que les autres années, on se rend compte qu’un public se fédère autour des musiques du monde, et reçoit de manière positive des images musicales du Portugal, de l’Australie, de la Turquie, comme si ils avaient voyagé eux aussi… Coup de cœur pour le duo Juju, coup de fouet avec Fedayi Pacha, coup de blues avec la réunion d’artistes de Mayotte, coup de coude avec le final explosif des Watcha Clan, on a vécu encore de grands moments à ce Festival, immanquable même si il n’y a toujours pas la « Reggae vibes ». Résigné, On espère encore l’an prochain…

TOP TWELVE :


Banlieuz’Art : « Police », (auto-production Guinée) : Composez le 911 pour avoir le standard de Babylone ! Les vibes acoustiques de ces deux jeunes pousses guinéennes donnent à penser que l’avenir du Reggae se déroule en Afrique. Le rap s’est d’abord installé, mais son style urbain semble ne pas convenir à la souplesse de ce continent, alors que le Reggae a une place plus naturelle là-bas. A noter l’emploi d’un vocoder pour traduire la modernité de leur talent aux cotés d’instruments plus roots. Un vrai bonheur de démo pour ces « enfants du bled », à suivre…


Bomboro Kosso : « Natale », (trouvé sur le stand Rhone alpes, label Yes) : La relève de Tiken Jah et d’Alpha ! Empreint de beaucoup d’originalité, la musique de Kosso secoue, les arrangements de Bomboro sont intelligents, l’album « Gorée mon amour » nous emporte un peu partout en Afrique de l’Ouest, les textes sont traduits dans le livret, et pour couronner le tout, le seul guest de l’album est le groupe le plus influent de Jamaïque, les Mystic Revelation of Rastafari ! Un super album très bien produit, à l’égal de ses pairs…


Blue King Brown : « Never fade away » (groupe australien, pas d’album ni de stand, concert le Vendredi) : L’ovni du bout du monde ! Rien n’a filtré sur ce groupe jusqu’au concert, sauf une possible intervention de Roobie Shakespeare et Sly Dunbar pour l’enregistrement d’un de leurs titres ! Sur scène, c’est le fourre tout musical, un gros mix avec plein d’énergie : Beaucoup n’ont pas compris l’intérêt, il y a pourtant plein de bonnes idées, avec une délicieuse chanteuse qui peut faire penser à Nnekka, un percussionniste qui manie les timbales à toutes les sauces, et un groupe hyper soudé. La présentation des deux choristes (qui entonne No, no, no et Turn your lights down low) et les parties Dubs confirment leur inspiration jamaïcaine…


Anslom : « Dhem Dance » (cd sampler Mangrove, viennent de Papouasie nouvelle Guinée) : La vague du Pacifique. Le stand de Nouvelle Calédonie nous a présenté Naio (avec une vidéo live qui passe en boucle très intéressante) dont on reparlera surement, tant son Reggae est authentique… Il est vrai que le climat, les herbes locales, et le rythme de vie dans les atolls du Pacifique poussent naturellement à se bouger au son du Reggae, c’est peut-être l’éloignement qui a fait qu’aucun artiste n’a été encore découvert. Mais encore plus surprenant est leur son ULTRA moderne, avec par exemple ce titre qui pourrait faire fureur sur les plages de la Cote d’azur…Un big hit, même si c’est de loin le titre le moins roots de la compil…


JFK : « Let It Be » (groupe de Liverpool, album de 2006 trouvé sur le stand de son tourneur français) : Ainsi soit-il ! On a reproché à pas mal de groupes français de ne pas chanté dans leur langue, et de voir trahir leurs origines dans un accent anglais assez maladroit : Les marseillais des Messengers avaientt trouvé la parade, en engageant un chanteur Anglais, ce qui donne tout de suite beaucoup plus de valeur à leurs enregistrements. Pareil ici, avec ce band dont le leader chanteur vient de Liverpool… Du coup, une telle reprise se tient bien plus, l’album s’écoute, et l’on notera même la participation de Eldé, qui avait en son temps ouvert la voie à tous les artistes français qui se voulaient Reggae…


Toubab All Stars : « La plus belle » (from Paris, une production taxi-brousse) : Le ton bien de chez nous ! Quand on est français, on n’est pas forcément obligé de s’habiller vert jaune rouge et de se laisse pousser les locks pour faire du Reggae. Au contraire, il faut s’étendre à d’autres styles, ne pas se prendre la tête, et être imaginatif. Toubab All-stars l’ont compris et s’éclate bien, et leur label va plus loin, reprenant l’idée jamaïcaine du sound system ambulant pour le décliner lors de chaudes soirées groove à Paname… Peut-être la plus évidente preuve d’originalité nationale sur le salon, et avec des sons funky, cumbias ou africains, ils défendent leur place ici !


Takana Zion : « Love Fire » (de son second album Rasta Governement). La grogne rebelle des Noirs ! On redevient sérieux, intransigeant, et on s’écoute le seul album qui sur le salon n’est pas une découverte, le talent de cet artiste est reconnu et bien installé dans l’esprit des gens depuis son premier opus. Moins original mais plus efficace… Un antagonisme s’explique par des arrangements coordonnés (les chœurs masculins donnent de la virilité et son chant est « posé » comme à yard). On attend seulement de le voir déployer ses ailes sur Massilia, ce qui semble pas le cas cette année encore…


Djama Keita : « Criminel » (Martinique, mp3 récupéré sur le stand Afro-Caraïbes) La perle rare Pour trouver ce genre de sons, il faut être patient, avoir le regard affuté et l’oreille tendue. Petite production 100% efficace, ce genre d’artistes ne fait pas du bélé ou du gros Kwa, et donc ne peut s’afficher comme musique typique des Antilles. Mais son Dancehall n’est pas non plus yankee ou yardie, il a une spécificité et une couleur locale intéressante, peut-être un peu trop rebelle et sans concession (et surtout sans moyens !). Fait partie de cette légion d’artistes de ces départements français qui n’ont jamais fait le Babel… C’est pourtant ceux qui font l’actualité sur les sites spécialisés reggae, non ?


Degg Force 3 : « Coup de gong » (autoproduction Guinée) L’humeur rap s’assagit au son du Reggae… Encore une petite production africaine, largement inspiré du courant Rap et des rythmes digitaux. Mais quand ce genre de morceaux est réalisé en Afrique, il prend des couleurs, une chaleur, et un ton qui du coup devient plus humain que chez nos confrères ricains ou Français. Ils défendent cette touche musicale qui doit pour eux être le seul espoir pour sortir de leur quasi-anonymat. En attendant, ils multiplient les scènes à Conakry et en Afrique, et commence à récolter localement les fruits de leur travail…


Naby : « Dem naa » (Senegal, découverte RFI 2009, trouvé parmi le vaste catalogue du tourneur V.O music) Servi sur un plateau ! Entendons par là que ce label a le nez et l’exposition nécessaire pour faire briller « ses » artistes : Avec Monty Alexander, mais aussi des stars comme Kidjo, Bona, les Mahotella Queens ou Cheikh Lo, ils ont dû avoir du travail pendant ces trois jours ! L’année dernière, ils présentaient Vieux Farka Touré et surtout Yemen blues, la gros buzz de Babel Med en 2010…Mais ce Naby mérite aussi sa place, même si cette forêt de talents doit un peu lui faire de l’ombre… Considéré comme un talent émergent des musiques actuelles africaines (tiens donc, on ne parle pas de Reggae sur la plaquette…), son dernier opus « Dem Naa » a reçu le soutien de nombreux sponsors et est sorti sur le label Iris, distribué par Sony : Ca aide !


Fedayi Pacha – Pyramids (the sun), (concert le Vendredi, DJ set soutenu par Yes Music) : A l’Est du nouveau ! On avait osé depuis quelques années mettre dans la programmation du Babel Med des DJ, car ce sont eux les vecteurs principaux des rythmes du monde, ce Global Beat qui a permis à la World music de ne pas être qu’une musique ancestrale, ethnique, et écouté dans les magasins d’antiquité... En boîte de nuit aussi, on peut se divertir avec les sons des quatre coins du monde, on a eu cette année Shantel (très bon) et le Pacha (excellent), après le passage l’an dernier de El Hijo de la Cumbia ! Ces artistes sortent aussi des cd pour rentabiliser leurs performances live, à l’opposé des artistes musiciens qui auraient tendance à faire le contraire…


Watcha Clan – Tangos del Cachito (label Piranha, groupe marseillais, concert le samedi) Le bouquet final ! Même si je suis mal placé pour parler ouvertement de leur succès et de la liesse qu’ils ont provoquée au Babel, les 400 personnes entassés à l’extérieur et qui n’ont pu voir leur prestation scénique apportent la preuve d’une certaine consécration, avec un album percutant et produit de bout en bout … par eux-mêmes ! Un clin d’œil à la Soul et au peuple hispanique dans ce morceau qui comme tout l’album, n’a rien de Jamaïcain, mais conserve un petit je ne sais quoi de Reggae. C’est ce dosage minutieux qui les porte aujourd’hui, après leur avoir donné pendant longtemps cette fausse image galvaudée de groupe Reggae festif et marseillais… Ceux qui les connaissent savent bien qu’il n’en est rien, les rivages balkaniques et méditerranéens se sont télescopés ce soir là pour s’unir : « Out of many, one People »…


Chronique du pilote Docteur x-ray, lors de son récent voyage aux docks des suds pour le babel Med du 24 au 26 mars dernier... Merci à tous !


lundi 12 octobre 2009

La plus belle pour aller danser...

La meilleure date de la Fiesta 2008 (un an déjà, c'était la naissance de ce blog !) restera une des dernières apparitions d’Alain Bashung. Son ombre plane encore sur les Docks et le voile est tombé sur la programmation de cette année, un concentré de passé, de présent et d’avenir, qui va faire couler beaucoup d’encres…

Bashung avait repris « Les mots bleus », l’hymne blues pour français moyen d’un Saint Christophe moustachu et dragueur, jamais complètement sorti des strass et de l’innocence de l’époque Top 50. Bashung avait aussi au début ce coté Kraut-Punk sale et éméché, radicalement non cartésien que défendait Nina Hagen, qui arrive comme un cheveu dans la soupe… Rêveur et provocante, ces deux artistes divisent ou regroupent les souvenirs de nos 20 ans. et même si la qualité n’était pas toujours là, ils rappellent que ces années 80 ont forgé des styles si personnels et libres qu’il n'en reste plus aucune trace aujourd'hui...

La tchatche de locaux comme Toko Blaze (sympa routier des scènes du Sud) ou Sam Karpénia, l’exotisme baltique (Caravan Palace) ou la plastique d’une bête à cornes (Rinocérose) essaieront non sans peine de se démarquer dans ce lieu présentant ses délires les plus baroques au regard joufflu d’une jeunesse qui a préfère sans doute Marsatac. Le son Reggae est bien absent, surtout depuis que les mixeurs masqués de Loo & Placido nous servent une crème anglaise prise de tête beaucoup moins légères que leurs premiers morceaux (Beatles, Queen, et Disco Inferno en reggae, celà le faisait beaucoup mieux!). Conforme à ses coutumes locales, on touchera du doigt la World-Music la plus farfelue (après la cécité, la paraplégie de Staff Benda Bilili…) et la plus noble (une soirée Flamenco avec Juan Carmona et des danseurs invités). On n’attendra plus le « grand » retour de Khaled, coureur de fond maintes fois invité dans cette épreuve ! De jeunes pousses roots réunionnaises, Toguna seront peut-être un des temps forts des cinq soirs de ce festival avec un bon buzz autour de Izia qui a passé l’épreuve des festivals de cet été, approuvé par le père Higelin. On entend déjà les insatisfaits vouloir remplacer Charlie Winston (autre tête d’affiche plus actuelle) par Leonard Cohen, et Izia par Jacques. Les pingres dénigreront dans cette programmation l’abondance de noms de DJ au lieu de noms de groupes, les plus tatillons l’absence de Nathalie Natiembé déjà croisée avec Bumcello à la Fiesta. Même les moins branchés auront noté que le futur tram se construisant devant la grande scène, il y aura donc du changement cette année, et peut-être encore plus de promiscuité. Mais c'est sur QUE L'ON NE VA PASA LA FIESTA POUR VOIR DES CONCERTS ! La défection de Chaka Demus, qui s'était débarassé de son Pliers dans un premier temps, rassurera tous ceux qui craignaient ce retour plus que douteux ! Le manque de thèmes communs aux soirées (c’est sûr que la soirée du Vendredi 23 avec plateau de danse Hip-Hop et DJs de Constantinople, on ne voit pas cela partout) et de musiques africaines ou jamaïcaines dans la programmation de la Fiesta est redondant depuis le début des festivités… Bernard Aubert nous a indiqué que ses coups de coeur sont Avishai Cohen (Jeudi 22) et Charlie Winston (Vendredi 16), « écoutés tout l’été », même si ils ont surement été pressentis bien avant (!). Si la surprise pourrait être ces icône des années 80 déjà citées, aucune info de plus n'est sorti de la conférence de presse, tant est si bien que l'on se demande si ils savent eux-mêmes où en sont ces artistes d'un point de vue artistique... Mais c'est bien connu, à la Fiesta, ON S'EN FOUT UN PEU DES ARTISTES ! N’hésitant pas à donner carte blanche à des acteurs qu’il soutient, il reste fidèle à des amis comme Khaled (24), et acceuille cette année Juan Carmona (1er concert à la Fiesta en 96 pour son premier album), avec tout le « gratin » du Flamenco et un orchestre symphonique (le 22). La parenthèse Marsatac (considéré comme un mariage « gaché, qui ne pouvait pas se réparer et devait donc se séparer…) laisse place au tapis rouge des docks, pour plus d’ambitions et un peu plus d’un million d’Euros de budget. Tout est fait pour vous plaire pourtant, avec en nouveauté des grands écrans et d’autres fioritures (comme une démonstration de Cocktails), des expos un peu partout dans les containers, et des navettes gratuites pour rentrer. L’équipe agit désormais en responsable (tri sélectif, et gobelet unique pour les bars) et se donne bonne conscience en invitant à la conférence de presse un acousticien qui semble satisfait des améliorations faites(???). Encore pire, on donne dans l'humanitaire en proposant à la fondation Abbé Pierre de mettre une centaine de boites aux lettres à destination de S.D.F. invités, pour leur transmettre des messages de soutien : C'est sur, à la Fiesta, ON Y VA QUE POUR AIDER SON PROCHAIN, NON?...

jeudi 18 juin 2009

itinéraires de festivaliers gatés !

A Marseille, on commence les festivités avant les autres !

Sept Lieux à visiter sans ses bottes, un condensé de ce qui vous attend dans la région, dès le début de l'été...

1°) Une nappe musicale reggae dans tout le quartier…

Ce pique-nique en famille ou chaque artiste partageait … son panier a bien changé ! Après pas mal d’émotions, de déroutes ou d’annulations, ses ruelles étroites offrent désormais un rendez-vous festif organisé. Recadré autour de deux dates – assez discutables - les 20 et 21 Juin, le Panier peut se targuer de posséder dorénavant la plus belle Fête de la Musique de la ville : Programmer Macka B après Mad Professor l’an dernier (le premier a été le chanteur attitré du second pendant 20 ans) ou U-Roy il y a quelques années ne dépaysera donc pas des rythmes universels et du message communautaire habituel, mais il faut avouer que c’est le Reggae qui passe le mieux dans les rues du quartier, assez cool pour calmer les esprits un peu rebels, et assez rebel pour intéresser toute un peuple ! L’accordéon de René Lacaille sera la grande originalité de ce programme auquel tout un quartier (que vous pourrez visiter à dos d’âne) participe, et où des « groupes locaux en devenir » seront récompensés, comme Kaballah, ou RIT (l’homme orchestre que l’on avait croisé sur la scène du Massilila Sound system avec Papet J à la Seyne sur mer). En guise d’hommage, le ramage de Jo Corbeau nous dévoilera les titres de son nouvel album « Jardin paradoxal » dont le sortie imminente plane sur la ville... Mais il nous rappellera surtout ce qu’était au départ ce mouvement reggae festif et revendicateur (avec Massilia Dub et le fanzine Vé) dans ce même lieu, et saura mieux que quiconque faire décoller cette fête de la musique, et enterrer la fin d’un Solstice sur le coup de minuit…
Avec Accoules Sax, la Caravane Passe, Tom, Sanabel, Lavach, Rit, Kabbalah, Jo Corbeau, Macka B, en plein air et gratuit.


2°) Un écrin de rêves

La commune d’Ollioules peut être fière de son Théâtre. Une fréquence régulière de spectacles de qualité et un geste envers son public (un prix de place raisonnable) reflète sa volonté d’accord social et de mouvance humaniste. Le métissage musical en est empreint jusque dans les derniers concerts proposés, de l’Orchestre national de Barbès aux américains néo-hippies de Groundation, qui reviendront dans l’amphithéâtre de Chateauvallon après un premier grand succès en Février 2007. Même si leur culture musicale est parfaitement maîtrisée entre la Jamaïque et les influences Soul et Jazz, ce Reggae Roots sur la terre de l’Oncle Sam ne perce qu’en Europe, et en France où leur nouveau cd est très attendu… Ayant cherché un nouveau souffle, ils ont ajouté des chœurs féminins à leur arc, le chanteur ne voulant pas être mis en avant dans la carrière de ce groupe unique et tout à fait original dans leur style… Richard Bona viendra lui aussi pour une unique date dans la Région, avec un set live où il a mis toute sa sueur et son talent. Naviguant entre l’Inde et Nashville pour parfaire son nouvel album, il reviendra (accompagné de Richard Galliano) à la Roque d’Anthéron, dans un mois pile. On aimerait bien que ces artistes puissent élire domicile ici ! C’est un peu ce que Chateauvallon proposera à l’association Togezer du 21 juin au 27 juin : Cinq concerts pédagogiques autour de la création Egyptian Project seront donnés avant un final (gratuit) à Sainte Musse (Toulon). La rencontre de la tradition égyptienne (dans le chant et les pecus) et de l’électro (avec de grands talents ayant évolué dans Mei Tei Sho, Lo Jo, et surtout le spectacle Mozart L’Egyptien) devraient nous fournir un final idéal en attendant impatiemment la saison musicale prochaine.
Chateauvallon, Du 20 au 27 Juin 2009, infos pour Egyptian Project : 04 94 20 06 37
http://www.chateauvallon.com/reservation/

3°) Un rendez-vous à l’Africaine.

Pendant deux soirées (les 26 et 27 Juin) et dans deux lieux distincts, ce toujours trop court festival accueillera l’Afrique aux portes de Marseille, et ouvrira notre regard (avec une expo photo de Bill Akwa Bétoté qui témoigne de moments précieux avec des grands musiciens, lui qui était là dans tous les rendez-vous importants à Paris, de Tam-Tam pour l’Ethiopie au mouvement sans papiers, captant Salif Keita, Mory Kanté ou Féla…) mais aussi nos sens et nos oreilles... En invitant Ray Léma et Oumar Kouyaté à la Cité de la musique, on aurait pu (ou du) s’attendre à la fusion des deux éléments, mais ce sera finalement en solo que la Kora et la Piano se feront chacune entendre. Un recueillement utile avant d’ouvrir le lendemain le village festif à la Friche de la Belle de Mai : Fallou le vétéran de Bami Village présentera son nouveau projet avec une pianiste de formation classique, alors que Toko Blaze nous revient avec un nouveau cd « Urban Culture » tout comme les « non rappeurs » pro hip-hop de la Méthode qui ont fait mouche avec leur premier street album, présenté à l’Affranchi il y a peu (avec de nombreux guests et une battle improvisée et réussie de K-méléon). Ces trois groupes possèdent chacun la même approche, celle de ne justement pas trop approcher de près leur style, et de savoir surprendre à chaque prestation. Personne ne voudra donc rater ce rendez-vous avec le public marseillais, une trop rare occasion de faire la fête, là où les cultures du monde savent s’enrichir, se connecter et se respecter, sans idée préconçue ! Parmi eux, une découverte qui allie la force du Blues, la finesse du Jazz avec le Groove Reggae, Bil Aka Kora !
Avec Chiwoniso, Bill Aka Kora, Saiko Nata, Ray Léma, Toko Blaze et la Methode…
http://www.africafete.com/

4°) L’ivresse dans les vignobles.

Un bon plan cet été, en retrait de toute démagogie, avec un festival intimiste et une programmation d’exception, cela existe encore ? Les artistes et maisons de production semblent comprendre aujourd’hui dans quelle approche le Mas se veut convivial pour les artistes et son public, limité à 660 personnes. Tel est la destinée de cette maison familiale, loin de tout (et pourtant qu’à une heure de Marseille), et des objectifs de ce festival sans réel volonté de profit mais avec l’unique désir de faire vivre en ce lieu des instants uniques (22 rendez-vous jusqu’au 15 Aout cette année) : Vous avez déjà raté Grégoire, Bonga & Guem, qu’apparaît au programme Grace, Pep’s et Cocoon, sans oublier (et ce n’est pas un hasard) une artiste en plein buzz, Izia : Son père Jacques Higelin a été un des premiers à avoir repéré les lieux et est même revenu l’année dernière en résidence pour y créer live les première notes de son nouvel album… Ambiance aussi chaleureuse lors de soirées dancefloor, ils ont chaque année la bonne idée d’y amener aussi le feeling reggae, à la sauce Roots ou Dancehall : Les Congos ou Collie Buddz y participent cette année, et ce sera forcément deux concerts d’anthologie, aussi rares que leur prestation respective sur les plateaux des festivals estivaux (on imagine facilement dans ce cadre la « banane » de Cedric Myton, et les répétitions autour de la piscine avec ce chanteur des bermudes à découvrir !). A ce train là, on va forcément y prendre goût et regretter amèrement de ne pas avoir été là les éditions précédentes !
Avec Les Hurlements de Léo, Maniacx, Emily Loiseau, Plume, les artistes cités, deux soirées Reggae les 08 Juillet et 08 Aout) mais aussi les soirées DJ de Secret Garden, et même de la Comédia dell Arte !
http://www.lemas-concert.com/

5°) Une encre qui s’accroche aux branches…

Sans aucun soutien financier, l’Association Margose Festival revient nous rafraîchir la mémoire, et éveiller notre culture à la pensée antillaise. En filigrane de Africa fête et des commémorations récentes autour de l’esclavage, une dernière escale sera proposée autour des textes d’Aimé Césaire et de Mamadou Konté par Christian Ortole qui sort les rames et jette l’encre de ces « résistances poétiques à l’esclavage ». Depuis le 29 Mai, aux Studios Decannis, au sein de l’Espace Aimé Césaire qu’il a créé en début d’année, et après des projections cinés, des lectures et un tremplin récompensant les meilleurs moussaillons, les textes du plus grand promoteur de la musique africaine résonneront grâce à l’équipe On a slamé sur la Lune et son talentueux capitaine Alexandre (vu au Djamel Comedy Club), puis la franco-italienne (de Marseille !) Tangora mettra sa sublime voix au service du piano de Mario Canonge pour une relecture des textes du plus fameux poète des Antilles françaises. Un double hommage po-éthique les 20 et 26 Juin, signant avec audace une course en solitaire dans les eaux troubles des festivals de Marseille…
http://www.margose-festival.com/

6°) Un visa pour la France

Les festivals sont aussi l’occasion de découvrir des endroits peu habituels. La Roque d’Anthéron (haut lieu des concerts de Musique Classique) dans la commune de Saint Martin de Crau accueille aussi « les tribus jeunes » deux soirs et sur deux scènes, les 10 et 11 Juillet prochain. Les aulnes rouges programment uniquement de la chanson française, mais la moins franchouillarde possible, avec cette année l’homme orchestre en boucle Siméo, les Doigts de l’Homme et leur doigté à la Django, et les routards bretons très énergiques Merzhin. Leurs aînés grenoblois Sinsemillia clôtureront ce rendez-vous en Reggae, en donnant tout le bonheur du monde (le chanteur Mike a été parrain d’une précédente édition) à un public demandeur de ce genre de scène dans la région, mais aussi à toute la structure de bénévoles qui se démènent pour qu’elles existent…
Avec aussi Lithium, Kaktus Groove Band, Tabarnak,…
http://lesaulnesrouges.fr/

7°) Plus au sud, tu meurs !

Sur ce Delta Arlésien, la route vers le Sud a été tracée depuis 1996, une routine qui déroule chaque année une manifestation forcément réussie. Au cœur de l’été (du 13 au 19 Juillet) toute une ville résonne de multiples festivités, théâtre, cinéma, stages et spectacles de rue, mais surtout les concerts. La scène underground de Bombay défile à coté des rythmes ancestraux népalais, on s’organise une petite rando’avec le Cor de la Plana après avoir rencontré la famille Chemirani, et l’on suivra au choix les échos bretons, la plainte malgache, ou les pas du Tango nouvelle génération. Les têtes d’affiche sans surprise combleront les amateurs de Cesaria Evora ou Khaled, et pour la découverte, Rodriguo y Gabriela mettront le feu à leurs guitares, avis aux mélomanes ! On regrette l’absence d’un bénévolat motivé et une réelle (d)ébauche d’énergie, mais la cité antique défend son patrimoine, sa place de haut lieu touristique, et son image, vu son ambition affiché pour les évènement de 2013 : Alors, profitons-en ! De l'autre coté de Massilia, coté gauche, si l'on regarde la mer(!), on retrouve une organisation moins ficelée, une grande fête dans la région de Roquebrussane, avec le Festival de Néoules, qui dure trois jours, du 23 au 25 Juillet. Entouré par Ceux qui marchent debout (idéal de les voir dans ces conditions !) et Anis, Horace Andy et Johnny Clarke reviennent nous voir ensemble avec leur groupe anglais Dub Asante Band, le 24 Juillet : C'était dejà excellent il y a quelques années à Toulon, mais là en extérieur, il ne faut pas les rater une nouvelle fois...
A Arles, avec aussi : Rajery Solo, Yom, Kamel El Harrachi, Speed Caravan, Melingo et Juliette ...
http://www.suds-arles.com/
A Néoules, avec aussi DJ Shöne Connerie (!), Voodoo skank, Jumping Lion sound system...

POUR TOUS CEUX QUIVEULENT POUSSER UN PEU PLUS LOIN LEUR TRIP, RENDEZ-VOUS A COLOGNE LES 03 04 05 JUILLET PROCHAIN, POUR UN LINE - UP ENCORE UNE FOIS COMPLET ET PARFAIT ! QUE DU BON!

mercredi 6 mai 2009

Aubaines à Aubagne

Remontons le cours de l’Ubelka, l'autre nom ancien de notre fleuve de l’Huveaune, et un des titres du prochain album de Jo Corbeau (qui paraîtra sous peu - ou hors d’œuvre- rassurez-vous) et allons cueillir les moissons musicales que toute l’équipe de l’Escale Saint Michel défriche sans relâche…

Un printemps à Aubagne, c’est l’occasion pour les consciences rebelles de tout bord de s’exprimer sur des genres peu programmés dans la cité marseillaise. Slam, Reggae hollandais (Ziggi a été un franc succès), et surtout la soirée du RAMA (Rassemblement d’Artistes) qui a proposé de s’interroger sur l’avenir de la création avant de présenter Boa Fé (avec le chanteur des Sons of Gaïa, qui sortent leur cd ce moi-ci) ou l’ancien lead de Supa kémia rebaptisé Tony Tonda. Orchestrés depuis 2001 par Nomades Kultur, toute une pépinière d’artistes a été irriguée ici, de Kabbaroots à Kabbalah (découverte Printemps de Bourges 2009), avec Leute cette saison. On y retrouve ces trois lauréats dans la programmation printanière de la MJC, pour les deux derniers ensemble (soirée gratuite du 15 Mai) et pour le Kabbaroots, toute la nuit du lendemain, une confrontation amicale avec 4 sound-systems de la région, sélections musicales jugées à l’applaudimètre. Ce sound aubagnais est né de la rencontre de jeunes avec les ainés rastas de la Mystic Revelation of Rastafari lors de leur concert à Valence, puis de leur passion commune pour le Reggae qui les a amené à collectionner les vinyls qu’ils trouvaient à Disc’Over, le Reggae Shop de Marseille, puis à les passer lors de soirées. Dans le plus pur esprit du Dancehall Clash jamaïcain, ils arbitreront ce 16 MAI de 21h à 4h00 du mat’ un match entre DJ selecta, qui se finira en Dub Fi Dub..
La MJC organise aussi des anniversaires, comme les vingt ans du Fair (28 artistes partout en France jusqu’au 21 Juin à Paris) le 27 Mai avec Watchaclan, le seul groupe de la Région à vendre des cd… à l’étranger. Aujourd’hui de vrais pros, ils ont consigné leur dernier album à la table des plus fins remixeurs pour un faux blind test, et la couleur de leur prestation live est très attendue, entouré des réunionnais de Zong et du DJ Danton Eeprom, tous touchés par les senteurs nomades récoltées aux quatre coins du monde. Comme quoi, il n’y a pas que les santons qui s’exportent, aller la bas, c'est comme se mettre au vert à la Campagne, d'autant que la ville se tourne vers le monde en musique, et les jeunes pousses auront vite fait de faire de l’ombre au Public marseillais qui n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent et fait la sieste depuis la fermeture définitive du Balthazar, et celle pour travaux du Moulin!…

lundi 4 mai 2009

Main de Maître

Consolons nous de l’annulation des Last Poets (qui partait pourtant pour être l’évènement de l’année à l’Espace Julien) en nous procurant ce joyau à la pochette abyssale et profonde, signé Larry McDonald, et pour le hisser probablement au rang DU disque de l’année...

Pour faire le tour de son sillage musical, il faut commencer par le resituer comme LE percussionniste attitré de Gil Scott-Heron (jamaïcain d’origine lui aussi), mais aussi ressortir de nos bacs vinyls le chef d’œuvre de Peter Tosh (Bush Doctor), l’album solo de Wiss (d’Israël Vibration), la discographie de Taj Mahal (le bluesman caribéen échoué en Californie) et même aller beaucoup plus loin avec les dérives post métal du membre fondateur de Sepultura au sein de l’entité Soulfly ! Plus récemment, et toujours à NewYork sa deuxième patrie, on pouvait noter sa participation inégalable au son Ska Revival de Dave Hilliard (ancien Slackers) comme à la mouture roots-instrumentale créé par David Hahn, membre d’Antibalas, « Dub is the weapon » dont la carrière l’a amené à jouer live avec Lee Scratch Perry ! (allez voir sur you-tube !).
Avant de quitter (vers 73) son île natal de la Jamaïque, Larry Mcdonald fréquentait déjà les studios pour y accompagner Bob Marley (période JAD) ou le groupe expérimental Zap Pow, et d’autres moins connus comme Denzil Laing ou Clancy Eccles. Il a ensuite suivi l’envol en solo des Wailers (participant même au « Blackheart Man » de Bunny) et des premiers groupes de Reggae new-yorkais, comme les parfaits inconnus Jah Malla.
Ce premier album surprenant est donc le meilleur moyen pour lui de se replonger dans les cinquante et quelques années de sa carrière ! Le concept original de Drumsquestra a été de réunir uniquement en studio les meilleurs batteurs, percussionnistes et chanteurs, de la génération des Bongo Herman et des Mystic Revelation of Rastafari à celle de Sly Dunbar et d’Alvin Houghton, avec aussi l’apport d’un percussioniste brésilien, de remixeurs issus du combo hip-hop boogie Down Productions, confrontés au son pur du elder Bongo Shem, de Saint Thomas (sa paroisse et celle de son producteur Sydney Mills). Le remous provoqué se révèle être une parfaite fusion, et l’on s’étonne de naviguer sur des rythmes entraînants et modernes en écoutant un flow de paroles avisées. Les rythmes menés tambours battants partent de Jamaïque (le Hit « Head over Heels » avec Dollarman en bonne introduction à l’album) pour visiter ensuite le Brésil, la Côte d’Ivoire (« Backyard Business »accompagné par le message africain de Joe Thomas et des percus kumina), l’Inde (avec le scat infernal des Paray suivant à leur façon le tempo jamaïcain) ou New-york bien sur…
Au gré des courants qui ont inspiré le musicien pendant sa prolifique carrière, il invite à chacun de ces voyages l’accompagnateur idéal pour chanter cette quête de sens si diverse mais tant universelle. Si le chant froissé de Stranger Cole ou le miracle gospel de Toots Hibbert sur de la Go-Go House peut dérouter, la Dub Poetry de Mutabaruka (ou du sublime morceau de Ras Tesfa, grande découverte de ces featurings) tout comme le rap de Bobby Davis alias Shaza (dans « No More ») tient la barre d’un militantisme pro-black cher à Abbey Lincoln et reste dans le sillage de la veine consciente du hip-hop. L’ensemble ravise l’auditeur après plusieurs écoutes car la richesse du fond efface l’absence voulue des autres instruments. Un océan de bien-être (« Peace of Mind ») prend place peu à peu (sur le morceau Mento, on y entend même Larry frapper sur des rocs au fond de la grotte d’Anotto Bay), et pour conclure ce Jubilé, il cite dans une sorte d’improvisation slamesque tous les pionniers du Jazz de son île natale, une façon de les inviter à cette croisière peu banale agitée de peaux et de claves, mais qui ne demanderait qu’à être accompagné d’un piano (Monty Alexander), d’une guitare (Ernest Ranglin) ou d’une contrebasse (celle de Gary Cosby et du Jazz Jamaica all stars en serait la meilleure illustration…)

Larry McDonald – Drumquestra (MCPR music/I welcom)

lundi 30 mars 2009

VOYAGES EN CLASSE AFFAIRE

Débarrassées de leur étiquette anglo-saxonne de « world music », les musiques du monde étaient une fois de plus à l’honneur du Babel Med, chacun des 60 pays représentés ayant pu ouvrir ses frontières aux sons de ses voisins.

Un vol réussi pour ce cinquième éduc-tour musical, qui a acceuilli plus de 30 groupes évoluant entre tradition (Houria Aïchi, les Bantous de la capitale) et modernité (Nidi d’Arac, Istambul Calling). Certains ont été récompensés via 9 remises de prix, méritées quand on a écouté la pureté des chœurs maorés de Déba ou la richesse musicale de Kristin Asbjornsen. Une rencontre de sons et d’artistes, comme le soulignait déjà à la conférence de presse la compagnie Rasségna: Leur dernier projet, Zaman Fabriq, né dans les couloirs du Babel Med lors de sa précédente édition, s’est révélé être un des moments les plus intéressants. On ressentit moins de ferveur pour Le Rock insulaire de Baster que pour le flow étonnant de Kumar, ce rappeur cubain émigré en Espagne. Et autant d’applaudissements pour Sayon Bamba sur scène qu’à l’écoute de la programmation des DJ, les beats cosmopolites de nos locaux Goldenberg et Shmuylle ou l’électro-dance roumaine de DJ Clik offrant un mix bien plus réussi que celui du kuduro de Galliano. Il ne fallait pas non plus rater l’ovni Aronas, un William Sheller qui aurait laissé ses doigts dans la prise, les Noir Désirs méditerranéens de Sam Karpiéna ou le phénomène occitan de la Ciotat, Moussu T, dans un chapiteau à chaque fois comblé (17 000 spectateurs en trois jours). On est donc débarrassé de cette image lascive et inerte de sons trad’ étrangers pour adhérer à une musique plus balancée, « entre ethnique et technique ». Mais Bab El Med est aussi un lieu d’affaires privilégié pour plus de 700 professionnels, sur ce marché glissant de l’industrie du disque. Ne subissant pas trop (pour l’instant) le téléchargement, ils se regroupent (comme Equation Musique), échangent leurs points de vue (comme chez nous Phono Paca), et surtout vendent leurs dates dans les salles et festivals européens (les plus gros comme l’EFWMF étaient présents, pour préparer 2010). La meilleure des politiques est souvent d’afficher un optimisme débordant pour ses artistes. La confrontation de stratégies communes s’affiche dans un climat de crise, de tracts éparpillés et de gobelets de café renversés, sans compter la difficulté du clivage du langage et la cacophonie des concerts dans la grande salle, seul hic de ce festival ad hoc, qui n’a pas aidé certains groupes, comme Novalima en particulier. Pas non plus de représentant de la Culture Antillaise et de son pendant jamaïcain, chose quasi-incompréhensible ici mais redondant dans ce festival : Le reggae reste pourtant une des influences que l’on a vu jaillir du set de groupes comme Kumar, Rupa, Dj Click, ou Wasis Diop qui enregistrera son prochain album en Jamaïque. Une autre inspiration commune est la tendance d’un jazz accessible à tous, jusque dans la douce folie de Rupa et ses April Fishes. Il faut donc désormais gommer les frontières et défendre son appartenance mondiale pour pouvoir mixer sa sauce dans une recette globale, une leçon d’ouverture qui évite les clichés au prix peut-être de l’originalité… Une météo mitigée a couvert ce marché mondial : Il y a eu du mistral pour faire courir le « buzz » des découvertes de demain et quelques chauds moments (une danseuse de claquettes qui vient impromptu se consacrer face au Kora Jazz Trio, le meilleur groupe du festival, moi je dis bravo !). Mais aussi une bonne averse pour rester les pieds sur terre, lors de conférences de presse intéressantes au sujet de la mort du cd, du soutien d’artiste, ou de l’avenir des radios qui passera par le web notamment. Le constat se veut positif, quant aux innovations proposées et au développement des techniques dans les pays les plus pauvres. Si en matière de chances de succès l’opposition Nord-sud disparaît, le Festival Babel Med aura réussi un de ses engagements, il pourra alors se targuer de devenir LE Festival de LA Musique du Monde… (de notre envoyé spécial pour le magazine Zibeline...)

mardi 13 janvier 2009

BA CISSOKO – SENO

Aussi innatendu qu’un Paris – Dakar traversant la steppe argentine, le dernier album de Ba Cissoko surprend lui par son arrivée en territoire africain ! Après avoir franchi de nombreuses étapes, on le retrouve là où on ne l’attendait pas, sous sa vraie identité.

L’enfant de Conakry révait d’une carrière de footballeur et a refusé de pratiquer la kora « ringarde » de sa famille de griots jusqu’à ses 14 ans. Il a ensuite pris conscience de sa force et innové en branchant son coté rebel sur l’intrument, via des pédales de guitare wah wah. Après l’éclectique « Electric Griot Land », il revient sur l’importance familiale et l’enseignement tardif de son oncle. Ce sont ces leçons, et le parcours de ses souvenirs qui se dégagent de Seno. De la nonchalance du Cap-vert sur le morceau d’ouverture à son passage en Guinée Bissau (« Gambia ») ou en Casamance (« Music », et les titres REGGAE de cet album), son groupe fidèle ne peut pas se perdre dans cet itinéraire. Soudé en tant que famille, ils se sentent chez eux à Marseille, depuis leur découverte il y a 13 ans par les Nuits Metis. Sur la feuille de route, on croise le nom de maîtres conducteurs d’autrefois, comme Kandja Kora clotûrant l’album. L’ombre hendrixienne semble dépassé, tout comme les jalons electros tendus par Yvi Slan (une grande réussite), ou le penchant Dub projeté avec les Dubians et resté sur la ligne de départ. L’invitation n’en est que plus émouvante et généreuse, aux antipodes de leur dernier concert à la Fiesta des suds, où ils avaient fait péter le thermomètre et chauffer leurs cordes en nous montrant à quel vitesse la musique pouvait s’emballer, et dans quel esprit on doit courir…


Ba Cissoko : Séno

(Distribution : Cantos)

mardi 6 janvier 2009

Ecrins de voix dans un monde de brutes

Même si elles n’aiment pas être « mis en boîte », ces nouvelles artistes suivent une même direction, un chant clair et retenu et une guitare en bandoulière, traçant la même voie qu’avait emprunté Tracy Chapman il y a vingt ans... Les femmes fonctionnent différemment des hommes, et la musique ne déroge pas à la règle. Plus humainement que certains rastas, elle nous offrent en cette fin d’année un bouquet de sons d’une beauté inestimable, un écrin parfait dans un monde de brutes !

Soyons chauvins, commençons par Soha, qui retrouvait ici son ancien employeur, l’Espace Julien (28/11), sur scène cette fois : Pas dépaysé par son flow reggae-ragga, le public se laissera porter par les accordéons et la guitare de Jamba, de Cuba au Cap vert, en passant par Paris (une superbe reprise des « petits papiers » de Régine). Les carnets de voyage de Grace, sa première partie, démarrent aux USA, berceau du folk, qu’elle apprivoise avec des parents musiciens. Mais c’est l’Afrique là aussi qui évitera de s’échouer dans un virage pop trop mièvre, laissant place à une bien belle émotion, et un futur talent.


Tout comme Mélissa Laveaux, qui partageait la scène avec Eric Bibb à Cavaillon (5/12). Cette jeune pousse de 23 ans « veut être accessible », et tisse un lien entre Folk et Blues, jouant sur sa guitare de façon percussive, pour se rapprocher peut-être des ses racines caribéennes. Sur son My Space (car « ces nouveaux médias aident les projets un peu à l’écart, le consommateur pouvant rapidement devenir lui même musicien »), une démo de huit titres l’a fait signer en France sur No Format pour sortir Camphor and Copper, sensible et attachant, qui attend désormais une diffusion au Canada: « Les canadiens sont facilement exportables, j’ai suivi le chemin de Feist ». Elle n’est plus étudiante que depuis peu, et n’a toujours pas calmé les idéaux de ses parents à son sujet, mais elle peut maintenant partager la scène avec ceux qu’elle faisait découvrir au public du Campus dans ses émissions de radios…

La France a réservé le même accueil à la militante Asa, prix Constantin, et déjà plus de 70 000 albums vendus, débordant de bonheur et de chaleur sur la scène de l’espace Julien (10/12). Son « Fire in the mountain » a illustré en rappel l’autre fil conducteur unissant toutes ces femmes, s’approprier le rythme reggae pour y diffuser un message de paix... Leurs disques sont à ranger à coté de ceux de Césaria Evora, Norah Jones, Tuck & Patti, Rokia Traore, Jill Scott ou Erika Badhu, (de telles références évitent les étiquettes !), mais aussi Annabel Lamb ou Eddie Brickell, ces deux artistes des années 80 que peut-être tout le monde a oublié, mais dont leurs voix semblables en font l’écho exact. Elles avaient d’ailleurs toutes deux fait plusieurs morceaux de reggae, et sont tombé dans l'oubli il y a 10 ans juste (après "What I am" pour l'une, et l'album "Justice" pour l'autre), mais sans tomber dans la naïveté déconcertante de certaines autres plus actuelles, comme Ayo par exemple, qui pourrait laisser ce même sentiment aux Docks des Suds le 20 Janvier prochain … Capitaine de ce renouveau folk-cool au féminin, et dans les mains du reggae-man Patrice, elle chantera les chansons de son deuxième album, et devra nous faire rêver, apaiser nos consciences, et dégager la chaleur maternelle que seule une femme sait naturellement donner... Il est clair qu’il y a comme une « mode » qui passe sur ce type de spectacle chaloupé reggae d’une folkeuse au féminin, et qui peut nous rendre frigide si on les compare aux œuvres de Joan Baez et Joni Mitchell. Mais l’on s’attend certainement à écouter bientôt le même style en Jamaïque :
Etana semble la mieux placée (ici entre le fils de Jimmy Riley et le Dub Poet Mutabaruka) avec un somptueux album à la clef, "the Strong one", mais cela reste encore bien différent de ce climat acoustique puissant qui se dégage chez les sus-nommées . en conclusion, si ma préférence irait à Grace, car c’est la plus reggae d’entre elles, le coup de cœur sera probablement Krystle Warren, en première partie du concert de Keziah Jones. Une voix qui emporte les autres sur son passage, une émotion palpable et un talent brut, Manu Katché l’a invité dans son émission (à capter sur You Tube) et depuis, je ne penses qu’à elle…

Melissa Laveaux : Camphor and Copper (No format - Universal) Photos courtesy of Herve Milliard (copyright @artimage)
Ayo, Mardi 20 janvier aux Docks des Suds.
Krystle Warren le 31 Janvier, en première partie de Kéziah Jones aux Docks des Suds, et en fin de blog en LIVE ! ! ! !
Etana, the strong one (auto-produit, import JA) et une sélection dans le Number Two...

mercredi 10 décembre 2008

L'ABBE BILL

Mais qu’est t-il arrivé au docteur pour vous prescrire en cette fin d’année du Bill Deraime, chanteur de Blues français, alors qu’il officie sur un blog spécifiquement consacré au Reggae, et à Marseille ? Aucun rapport à priori ! C’est qu’en cherchant un peu, on finit par trouver !

Restant encore surpris du nombre de SDF qui vont se les geler cet hiver, et aimanté par ce blues qui colle au moral, je suis allé à la rencontre de cet homme au bêret rouge, qui fait au départ franchement plus penser à l’Abbé Pierre qu’à Bob Marley
Revenant d’un pèlerinage marital qui l’a sauvé d’une probable dépression, le mystique Bill a trouvé « le son », la foi, et un vrai groupe (parmi lesquels on trouve un marseillais Denis Ollive !). Fatigué mais plein d’espoir, il était venu nous présenter au Garden’Blues festival à Marseille le 10 octobre dernier sa toute nouvelle liturgie, « Bouge encore », une compilation d’anciens morceaux (plus cinq nouveaux) ressucités pour l’occas’.

Une idée lumineuse que de reprendre ces anciens titres en les jouant avec une guitare douze cordes : « J’avais jamais trouvé le courage avant, surtout en Live, mais on obtient un son bien plus large… Pas besoin quand par exemple je joues du reggae, car j’utilise seulement les quatre dernières cordes, pour la rythmique, ce qui donne un son plus proche de la mandoline, avec des accords plaqués, bien secs ». Il n’y aura donc pas de « skank roots » dans ce cd, ni non plus en concert (quoique, malgré ce qu’il m’avait prédit, on a chaloupé pas mal ce soir là…). Mais c’était l’occasion de ressasser d’anciens souvenirs jalonnant sa longue carrière, et de fredonner les quelques reggae gravés dans les vinyles et cd qu’il a sorti, et ce depuis le tout début : « A l’époque [fin 70’s], on ne connaissait pas bien le Reggae, sauf les initiés, ce n’est que plus tard que j’ai lu la bio de Marley par exemple ! Mais le Reggae était considéré comme une musique contestataire, engagée. Pas comme aujourd’hui où les groupes qui jouent du reggae en France, cela reste marrant mais ce n’en est pas vraiement. A part Jo Corbeau [tiens, tiens…], qui est bien barré la-dedans, à part seulement dans des villes comme Marseille [ !] et Grenoble, il n’y a rien de reggae en France ! »… Quand on écoute par exemple « Le Cargo », surtout décliné en Live, on a pourtannt l’impression de partir de la Joliette direction Kingston ! Bien sur, c’est « Babylone tu déconnes », qui l’a fait connaître : « C’est toute mon expérience avec les gens de la rue, c’était un combat social, et le reggae était le cri de ces gens-là ». Comme ce Jean Pierre Mochet, un gars qui sortait de temps en temps de la clinique psy où il était, pour venir au TMS (Traditional Moutain Sound) Folk center, une permanence où Bill officiait, dès le début des années 70. « C’était une des premières free-cliniques où les gens défoncés pouvaient rencontrer quelqu’un et être soigné anonymement, cela se passait Bd Raspail, il y avait une petite scène et une salle de 150 places, où l’on a pu écouter assis sur des tapis Marcel Dadi, Ramblin’ Jack Elliott, ou même Dick Annegarn. « On faisait venir des musiciens qui passaient dans un des centres américains, pour s’inscrire dans des « hoot nanny hoot » : Tiens, mais c’est pas Peter Tosh qui avait chanté un morceau avec ce titre, à la même période en Jamaïque ?… On trouve d’autres bons reggae dans sa discographie, comme « Energie positive », « Quelqu’un appelle », « Qui a bu… » et « Chaque jour », et même sa reprise de « Sitting on the dock of the bay »…

Tous ses albums sont sur son site, mais aucun n’a fait escale en Jamaïque, comme l’a fait Lavilliers récemment, ou plein d’autres avant lui (Gainsbourg le premier !). « J’ai toujours joué avec un groupe ; pour ce nouvel album, c’est la première fois que j’ai travaillé seul avec mon batteur pendant deux ans, (à retravailler des « trucs » comme Géraldine, qui sonnait fantastique avec cette douze cordes), mais quand je travaillais pour les autres disques, c’était d’abord l’écriture puis les répets ensemble avec le groupe… Et je n’ai jamais eu de musiciens qui me permettaient d’explorer ce que je voulais faire, le Reggae par exemple… J’aurai du y aller seul [en Jamaïque], ce n'est même pas une question de moyens, car cela est moins cher et va beaucoup plus vite, je l’ai vu avec mon album enregistré à la Nouvelle Orleans… Après avoir été dans le Reggae à fond, je serai aujourd’hui plus tourné vers un esprit gospel et Funk, que blues reggae. Mais, en fait, tout cela c’est pareil, le même discours social : Le gospel était contestataire bien avant Martin Luther King, ils se réunissaient en secret pour chanter dans l’esprit biblique de l’ancien testamant. Le Blues non, car il était produit par des blancs qui n’en avaient rien à faire, il en reste seulement la plainte… Commme le reggae, le gospel suit la bible, qui te dit de choisir entre l’argent et Dieu. L’expression est toujours, de façon poétique, la libération des noirs…C’est ce qui manque dans le reggae français, ce coté biblique, ce langage : Les psaulmes, c’est beau, c’est l‘histoire des hommes, mais on oserait pas le chanter en Français ». Tiens, prenons un exemple dans la soul et le Funk : « Quand j’ai été voir Stevie Wonder, un concert mémorable, dans une chanson, il disait toujours « More Love » et il voulait que le public le chante en Français, mais personne ne chantait ! ».
Parmi ses textes, on peut ainsi tomber sur de vraies prières, ce qui a donné à ce chanteur sincère, un look d’illuminé qui n’a pas toujours été compris. « Mes premières chansons vers 1975 étaient déjà bibliques », elles ont d’ailleurs repris dans l’album « La porte » en 87, puis ré-édité en 1991, ce qui lui a couté très cher… « Une autre épreuve, tu sais. Au début, Tu deviens con dans ce système, t’as une vie facile, puis on t’oublie, sauf le fisc qui te réclame 45 briques d’impôt (de l’époque)… Alors, on signe pas toujours avec les bons, et cela finit en procès ! Mais c’est bien pour moi tout cela, sinon, je serai devenu aussi con qu’eux, genre « Pascal Obispo », dans un milieu où si tu n’es pas comme eux… ». Tout cela se ressent dans chacune de ses compositions, de ses derniers textes à ses classiques comme « Plus la peine de frimer », superbement adapté dans son dernier cd (et cela tourne roots !).

« Cette chanson, avec une fin un peu reggae, a bien plu aux Grenoblois de Root’secours, qui l’ont repris humblement un peu ska-isé ». Et Marseille alors, qu’attendons-nous pour finaliser ce lien de cœur qui existe avec cette ville ?. « J’avais dédié le titre « Champion » à Chris Lancri, mon premier compagnon de route, marseillais, car il est champion pour grossir les choses !Il a été au TMS et a fait récemment ma première partie à l’Olympia ». Malheureusement pas repris sur son dernier cd, car « très dur à jouer », ce vieux blues pour guitare solo attend d’être repris par un groupe marseillais (de reggae ?), mais résonnera tout l’hiver dans les ventres vides des exclus de notre système: Acheter, écouter et aimer "Bouge encore", c'est un peu combattre le système, lutter contre la morosité, et faire ce même geste de paix et d'amour que ce que peut nous chanter le reggae... lorsqu'il est vrai ! X-RAY

La version courte de cette article sera diffusée dans le magazine Zibeline (à paraître le 20 décembre…). X-RAY

http://www.billderaime.com/index.php