dimanche 9 novembre 2008
Winston met son clignotant...
Il sont nombreux et anonymes, tous ces jamaïcains qui ont connu leur minute de gloire à la fin des années 70, en pleine explosion de la veine reggae Roots, mais qui sont depuis restés dans l’ombre, sur le quai, en quête d’un nouveau succès, attendant de voir à nouveau briller l’ « inaccessible étoile ». Sans les citer tous, des noms comme George Faith, Ronnie Davis, Horace Martin, Freddie Mc Kay ou Pat Kelly, auraient pu côtoyer celui de Winston Mc Anuff dans la galerie des « One man Hit ». Sauf que celui là a été plus chanceux que les autres, plus opportuniste diront certains, en tout cas plus prolifique que tous ceux qui se sont un peu endormis sur leurs lauriers. Surnommé Electric Dread, il a commencé sa carrière poussé par Derrick Harriott, et a composé au début des années 70 un morceau Malcom X, proposé d’abord à Hugh Mundell (aucune trace discographique à ce jour !) puis Earl Sixteen. C’est dans son dos que les Mighty Two (Joe Gibbs et Errol Thompson) l’ont donné à Dennis Brown, qui en a fait un hit… sans d’ailleurs même savoir au départ qui était vraiement cet homme noir américain ! Avec le frère de Scotty, et Richie Mc Donald (un autre Mac…),il sont fait quelques harmonies, mais c’est en solo que Inner Circle décide de le produire pour son deuxième et meilleur LP, « what a man a deal with »
Piraté sous nos latitudes par l’équipe ESOLDUN, sous le faux titre « One Love » et sous un faux nom de producteur, Tommy Cowan, cet référence du label (quatrième meilleure vente après Jacob Miller, Count Ossie et … Bob Marley) a fait chou gras pour Enzo Hamilton (qui n’a malheureusement pas été puni de ses actes), mais guère de ventes en Jamaïque. Peu après, Jacob Miller, leader du groupe Inner Circle, décédait dans un accident de voiture (que certains pensent un peu « arrangé »), et Winston refusait la proposition du groupe de devenir son leader. Au lieu de cela, il partit au Japon, s’occupa de la formation musicale de ses enfants, a entamé un album avec Cedric Myton des Congoes, et a même fait de la figuration dans la série américaine de Miami Vice !!!.Plus sérieusement, il figure dans les Deep Roots series, documentaire de la TV anglaise, ce qui nous a permis de le connaître ici. Il était alors avec son frère, et les Afreques aux chœurs, mais tout cela n’a donné que quelques 45 tours ! Sa route s’est illuminé une nouvelle fois lorsqu’il rencontra les deux membres du label MAKASOUND, qui se pressèrent de rééditer ses deux seuls albums, mais qui n’en sont pas restés là.
Après Tyrone Downie (le clavier de Bob Marley), Rod Taylor, ou dans une moindre mesure Toots Hibbert, la France est devenue leur seconde patrie, et de là il s’est reconstuit une seconde carrière, bien loin des péripéties de loser dont il avait fait les frais avant. Après deux albums 100% parisiens, l’un avec Camille Baz Baz (« A drop », en 2005), l’autre avec R.wan (Java) et Mathieu Chedid (M.), « Paris Rockin’ » , on l’attendait au tournant : Le virage s’est avéré être un retour à la fondation, puisque c’est avec son band Jamaïcain, la réalisation sans faille de Clive hunt, et la présence de Earl China Smith (par ailleurs instigateur des répétitions « inna de yard » que le label français enregistre depuis quatre ans) que Makasound sort ce mois-ci « Nostradamus » .
Les premiers shows se révèlent être à la hauteur de nos espérances, il faut donc se "brancher" sur cette dernière date de sa tournée, au Poste à Galène, le 22…