La féline tient la ligne.
Après une longue traversée du désert, « Hurricane » renoue avec la Grace : Cette grande dame proche de l’age de la retraite cultive le charme et l’énergie, sur des chemins inattendus.
Des Bahamas à Paris, beaucoup d’hommes lui sont passés dessus (Helmut Newton, Jean-Paul Goude, Andy Warhol) pour en dessiner ses contours ambigus, jusqu’à une certaine débauche de sens. Sur disque, l’égérie de l’icône Gay des années 80 a imposé sa voix lourde et animale, ici intacte, autour de la fidèle paire rythmique reggae, les « Jamagical » Sly and Roobie. Avec Barry Reynolds et Wally Badarou, ils restituent le son d’époque, dans “Well well well” et “Love you to life”. Mais cette jamaïcaine d’origine manœuvre ici avec eux un tournant plus acid jazz et trip-hop : Produit cette fois par Ivor Guest (Misty Oldland), avec Tony Allen, Brian Eno ou la voix de Tricky, la lourdeur et la précision jamaïcaine se plaque sur des envolées de cordes pleine d’amertume, un peu dans la lignée de Massive Attack. C’est d’ailleurs à leur concert à Londres le 19 Juin dernier, que Grace Jones bravait un nouveau départ, confirmé par cet album à l’esthétique superbe, décèlant un foisonnement d’idées musicales autour de cette bête de caractère.
Grace jones : Hurricane (Wall of sound – PIAS)