Le 1er du mois de Juillet restera dans nos mémoires un jour bien triste car une tête couronnée du Reggae est tombé ce jour là, il y a aujourd’hui dix ans… Dennis Emmanuel Brown a accumulé les « Number One » de sa naissance un 1er Février 1957 à ce jour fatal, commençant sa carrière du haut de ses … 11 ans. On l’a toujours rangé à coté de Gregory Isaacs, l’autre number one, deux chanteurs Jamaïcains ultra populaires qui menaient de front un coté « pile » de Roots men et une « face » de Lover Men dans leur longue carrière. Ils ont d’ailleurs partagé la face de quelques vinyles (estampillé Burning sounds/Trojan, puis Greensleeves) et ont signé les meilleures offres de quasiment tous les producteurs de l’île. Ils se tiraient la bourre pour sortir le plus d’albums (plus de 300 chacun à leur actif en comptant les multiples compils, et officiellement 80 « et quelques » albums pour le Prince. Même si il n’a pas connu de « couac » dans sa carrière, il avait comme son compère un penchant pour la blanche, et ont essayé chacun de contrôler en vain leur carrière (via leurs labels respectifs DEB et African Museum). Trêve de comparaison, Dennis aura été le plus travailleur, un orfèvre de la mélodie, ne s’arrêtant jamais, toujours concentré sur le présent, et gardant cette voix unique qui laisse aujourd’hui cet héritage massif et dont on ne peut se dispenser. Des artistes aussi différents que Michael Prophet, Earl Sixteen, Tony Tuff ou Frankie Paul ont assis leur style sur l’intonation et les qualités vocales de ce chanteur, et surtout Byron Otis, le chanteur des Blackstones, un copy-cat naturel qui a débuté sa carrière en l’accompagnant en tournée en Angleterre. Dennis producteur a aidé la carrière des Tamlins (et démarré celle de Michaël Rose), son meilleur pote était Junior Delgado, et parmi ses admirateurs rien d’autre que le Roi lui-même, Bob Marley. Une discographie complète donnerait des crampes à votre souris en scrollant ce blog, et une biographie détaillée ne serait pas à la hauteur du livre sorti il y a peu par Penny Reel. Résumons donc cet hommage à quelques uns des tubes qu’il a écrit ou interprété (son ouverture musicale s’est souvent retrouvé dans ses reprises de Van Dykes à Al Green ou BJ Thomas), et retrouvons le dans les sélections audios et vidéos trouvés sur le net…
Ma sélection idéale lors de mes soirées a toujours été la reprise de ce « Natural Mystic » de Bob que j’ai pu écouté en Jamaïque en 1993 par Dennis Brown. A la fois Dancehall et Roots, ce single accompagne à tous mes sons. L’album Wolf and Leopards est souvent la référence, pour moi « Words of Wisdom » est encore plus fort, le dosage parfait entre chansons d’amour et message Rasta. Contrairement à ce que l’on a pu lire, ce n’est ni Coxsone Dodd ni Joe Gibbs qui ont fait de lui une Star, mais Derrick Harriott qui a le tout premier misé sur ce poulain (même si l’album sings reggae and soul est sorti en 72, l’année de « Money in my pocket « produit par Joe Gibbs). J’ai pu le voir et lui parler deux fois lors de ses venues en concert, mais j’ai aussi attendu fort longtemps qu’il rentre sur la scène du Moulin, le jour où il s’était enfermé dans les chiottes… Malgré sa course excessive (très jeune déjà, on le voit au Festival de Montreux chevaucher des riddims accélérés, sa propension au chant (dans les interviews, il ne pouvait s’empêcher d’entonner ses tunes…) et son réalisme face au système, il s’est fait rattraper par la dope. Seul cas officiel en Jamaïque, il paye pour tous les autres mais restera pour moi le chanteur idéal du Reggae, car plus que Marley, il savait transcender les styles, et convaincre tous les publics avec sa voix unique. Voilà ce que j’écrivais timidement et avec ma naïveté de passionné il y a plus de 15 ans, et je ne suis donc pas prêt de renier ce premier amour, qui m’a fait comprendre et vivre au son du reggae depuis :
LOVE LETTER : Cher Dennis, de toutes les stars du Reggae, tu es pour moi le meilleur de tous, avec ta voix en or, ta chansons qui me font craquer, et ta gentillesse, l’amour que tu nous donnes. Depuis tes débuts sur des labels comme Studio One, mon dieu que tu étais tout gosse à l’époque, et moi, j’étais un gros bébé !), jusqu’à tes récents duos avec la crème des DJ de Jamaïque, tu as à chaque fois tapé dans le mille : Dans le show-biz, tout le monde te veut comme chanteur, et tu es pote avec tous les musiciens. Et tu décroches à chaque fois le sommet des hits parades, contrairement à ton ancien copain Gregory, qui sort pourtant autant de lasers que toi. L’année dernière pourtant, tu as du en avoir marre de tout cela, car tu es allé te ressourcer sur ton île natale, avec les pécheurs. Toi au moins tu n’as pas plongé dans la drogue (sic!)… Et tu nous reviens, pour une méga tournée, c’est vraiment super ! Depuis que je collectionne tous tes disques, j’avais jamais pu te voir en concert : tu as toujours boudé le sud de la France, alors que tu fais des concerts extras à Paname ! Mais d’ailleurs, pourquoi ne viendrais-tu pas ce Samedi avec tes petits camarades ? Non, je ne te parle pas de ton groupe, ce sera sûrement de parfaits inconnus qui sont bons, puisqu’ils t’accompagnent (à moins que Lloyd Parks ne fasse le voyage, alors ça, cela serait le Top !), non je veux parler des Heptones et d’I-Roy, qui faisaient les premières parties de ton show le 27 Octobre dernier à la capitale ! Et pour le même prix qu’à Marseille, ou presque ! Tu vois, je sais tout sur toi. Ma grande sœur a dit que l’on prenait les gens pour des cons, mais je viendrai quand même, même si il faut se fader Delton Sreechie (c’est ton beau frère ?) ou l’inénarrable Daddy Yod… De toute façon, c’est toi que je viendrai voir, Tu es le seul à pouvoir chanter des textes un coup Lover un coup militant, avec la même conviction. Ton dernier album s’appelle Heaven et nous parle du Paradis, il n’est pas encore dans les bacs, mais je vais me débrouiller pour en avoir un exemplaire pirate avant le concert. Ce sera un hit, encore, j’en suis sur… Je ne désespère pas d’avoir un autographe de toi, et même si nous ne parlons pas la même langue, j’espère que ce message te parviendra un jour, qui sait au Paradis (le plus tard possible, alors !). Qui sait, les ailes du Moulin m’aideront peut-être à m’envoler sur tes chansons… PS : « I don’t want wait in vain for your love », si tu ne chantes pas Revolution, Whip dem Jah, et Money in My Pocket, je serai très déçu… Ray Dactor Junior (996).
Finalement, le plaisir était double avec le bassiste attitré et le We the People qui accompagnait le Prince d’un soir… Ces prestations étaient toujours classe et l’album présenté ici bien fade. Chose récurrente les dernier temps, il fallait être prudent sur ces derniers enregistrements cd, pas sur la plupart de ses singles paru en Jamaïque, qui ont jalonné de hits locaux la carrière du Prince. Ses tubes dessinent aujourd’hui le chemin de l’Eternité, que suivra ce chanteur dans la mémoire de chacun des vrais fans de Reggae... X- Ray