Durant ce dernier week-end, entre pluie et vents, vous avez pu voir apparaître dans le ciel un arc-en-ciel Vert Jaune Rouge au dessus de Marseille ! Deux lieux pleins à craquer accueillaient à deux jours d’intervalle un plateau Reggae. Retour sur l’ambiance…
Vendredi 06 Novembre, 20h : La place de cours Julien est déserte, le concert de Rap prévu (Bone Thugs & Harmony) est annulé, sans aucun mail ou affiche s’excusant de cette décision. Un peu plus loin, au bar de la Plaine, Toko Blaze n’est pas encore arrivé, mais l’ambiance est déjà là. Voiture contre voiture, on se dégage du centre ville pour aller applaudir en comité restreint mais attentif la Méthode au Nomad Café… Pendant ce temps là, à quelques mètres de là, l’équipe souriante du Moulin (salle historique sur Marseille question reggae, fermée il y a deux ans pour travaux) compte les dernières ventes de tickets pour parvenir à remplir la salle des sucres des Docks des Suds, louée pour l’occasion. Ce sera chose faite… 21h30 : Même si peu de monde a pu voir Sebastian Sturm en première partie, jusqu’à 20h30, on a fait le plein, dans la joie, la fumée, et la bonne humeur avec Pablo Moses, l’invité jamaïcain de la soirée. Il tourne sans cesse en France, depuis près de 25 ans et son premier passage chez nous, à la Discothèque du Flipper rue Venture. N’ayant pas de percussionnistes pour un problème de visa ( ?), il avait alors invité un gars du public qui tapait des mains sur l’estrade à venir jouer avec lui ! ! ! Il a préparé son nouveau disque uniquement pour le public Français, avec le groupe que l’on a vu ce soir là, et qui tient mieux la route que leurs homologues jamaïcains ! Toujours plus moderne dans ses compos, il a facilement réussi à conquérir un nouveau public, qui en redemandait encore… Malgré le temps, la routine ne s’est pas installée, leur musique et un combat, et Pablo vise toujours bien, jusqu’au Final avec ce « Ready, Aim, Fire » toujours bien huilé sur scène. Oui, mais les plus difficiles regrettent souvent dans cette musique une approche musicale assez simple, faite de deux/trois accords. Les américains de Groundation ont ouvert cette autre voie, en intégrant des touches jazz à leur son et se sont fait une bonne réputation ici, ou leurs cd (auto-produit indépendant) se vendent très bien… Sauf qu’en Live, sans « auto-tune » controlé, les dérives du chanteur peinent à se dissimuler sous des effets pourtant envahissants. 23h30. Pas de rappels. Leur set a bien tenu la route sur un parterre de cuivres et claviers bien plaçés, tout est si pro et si calculé que l’on ne ressent plus bien la chaleur et l’atmosphère connu dans les premiers concerts reggae, où les artistes découvraient un autre monde, un nouveau public… Dimanche 08 Novembre, 14h40 : Déjà prévoir un concert un dimanche, c’est rare, mais que celà commence à 18h00, c’est du jamais vu : Et c’est pas non plus pour ce jour : A cette heure là, le backline du concert n’était pas encore installé, la caisse et les portes pas encore ouverte, même si déjà plus de cinq cent personnes attendaient devant ! Le car du Tour est en fait tombé en panne en bas de la Rue Breteuil (à quelques kilomètres de l’arrivée) et le minibus qui devait transporter les artistes a fait lui aussi défaut… Imaginez la tête des yardies qui se sont vus rapatriés par de bonnes âmes à l’hotel, le temps de trouver une solution pour le backline ! Vous auriez aimé faire partie des chauffeurs de ce convoi ? D'autres "soldats" avaient comme eux même révés d'une session Dubplate (un peu trop hativement sans doute, et que le retard pris n'arrangera pas) ! Mais jamais pourtant il n’a été question d’annuler la date, si près du but. Le concert s’est ainsi déroulé, certes avec deux heures de retard, mais à une heure plus normale finalement… Agissant en parfait professionnel, l’artiste que l’on sait méfiant n’a pas montré à son public une dose de rancœur. Pour tous ceux qui se sont agités dans les coulisses, c’était même bluffant… 1h27 de concert (comme ailleurs), avec deux élèves en première partie (Teflon et sheperd) et Sizzla en maître d’œuvre, s’appliquant sur chaque version, enchaînant les bons textes, souriant et communicatif. Chacun dans l’affaire a compris qu’il ne devait pas rater cette date, important pour le public marseillais qui attendait ce rendez-vous et soutient depuis toujours cette musique, autant que pour l’opinion générale, considérant Sizzla comme trop énervé, criard et sans bornes... 21h10, même si l’attente a été longue et le match de l’OM (à 21h) déjà commencé, l’homme est sur scène, sans avoir effectué de quelconques balances, cravaté et bien endimanché : On me fait remarqué avec le sourire que finalement, même les retardataires arriveront à l’heure… Sauf que la caisse est fermé, car la date sold-out – cela n’a pas été le cas partout d’ailleurs …- et l’on ne s’attendait pas à telle affluence comme l’on n’avait pas prévu de voir l’artiste aussi en forme. Le bobo avait déjà vu ses concerts annulés après les propos tenus contre les homosexuels dans ses textes, il sait qu’il doit soigner sa com’, c’est chose faite. Il montre même à tous qu'il peut refaire "Praise Ye Jah" à toutes les sauces, speed ou calme, mais que c'est en fait le même message. 23h15 : Tous les restos sont fermés surtout un dimanche… Murphy l’ingénieur du son explique à une barraque à Sandwich comment il veut préparer sa nourriture… Après s’être alimenté, les musiciens regagnent leur chambre mais n’ont pas sommeil. « Tu veux pas que l’on fasse les dubplates maintenant » me demande l’un deux ? Ouais, c’est sûr que les soldats doivent dormir au chaud à cette heure-ci, dommage ! Personne ne pense au lendemain, et au moyen de remettre le Backline en place et le bus en marche… Lundi 09, 9h00 : La Provence titre « La moiteur de Sizzla à l’Espace Julien », et souligne « le rythme assommant »… pas pour le public qui en redemandera mais n’aura pas de rappels ! A l’image de l’issue du match OM - Lyon, il y a eu donc match égal entre le Roots et le Ragga à Marseille, avec beaucoup de buts pour le Reggae, et beaucoup d’espoir pour l’avenir : Deux organisations opposés se sont fait face, et reflètent deux styles de musique bien différent, un reggae papier glacé pour planer, et un ragga papier recyclé pour se révolter, et finalement s’imposer.