Dans la tumulte des rendez-vous d’affaires du salon Bab El Med (aux Docks des Suds du 25 au 27 Mars denrier), entre deux rendez-vous, trois cafés, quatre concerts et quelques poignées de main, on ne pourra pas s’empêcher d’entendre jaser certains sur la date mal choisie des Nuits Zebrées de Radio Nova, qui tombe le même jour que Papa Wemba et plein d’autres : Avec un animal à rayures comme celui-là présent sur deux affiches différentes un même soir, il semblerait même approprié de les mettre un jour en relation, non ?… Même si les hasards du calendrier ont en voulu ainsi, le troupeau rassemblé à l’Espace Julien ce Vendredi 26 Mars était massif, réunissant les habitués de ces soirées où l’on entre que sur invitation (à gagner à l’antenne de la radio sponsor ou à retirer à l’Espace Julien). Après avoir présenté sur scène Jamalski (avec notre Inspecta’ marseillais) en 2008, invité Laurent Garnier en 2009, le Zèbre suit la ligne de programmation de l’antenne, pointue mais jamais lassante, encore cette année : Comme par exemple, Gush et leurs délires a cappella sur fond de Punk-Rock, ou Kid Francescoli, un des quelques marseillais à avoir eu la chance de passer régulièrement sur leurs antennes. De plus, en bon chef de troupeau, il a su rallier à la bonne cause certains malchanceux, comme Victor Demé et sa guitare qui n’était toujours pas venu à Marseille, malgré deux tentatives infructueuses. Cet artiste signé par le label reggae Makasound prépare déjà son second album : Son premier disque et sa musique chaloupée ont rencontré l’élan qu’avait connu Césaria Evora, et possèdent la même touche soyeuse et solitaire. Toujours accompagné par de très bons musiciens, il réussit même à faire danser le public, et à nous étonner par la simplicité de son show très réussi. Mention spéciale à son acolyte guitariste… Pour remuer son auditoire affamé, la bête avait ramené dans son galop deux poids lourds du son, Rocé et Chinese man. Le premier apportera la griffe Hip Hop soignée et musicale recherchée sur leurs ondes depuis un moment, le deuxième nous piétinera les dancefloors avec ses mixes funky dévastateurs, ce que ce trio d’Aixois pas du tout chinois a l’habitude de faire en Live comme sur disque (avec les deux volumes sortis de leur « Groove session »). Malheureusement, quelques bêtes sauvages ont pendant la soirée soulevé la poussière et montrer le poing, Tout s’est bien terminé autour de l’abreuvoir, avec un mix des DJ résidents pour clotûre le show « de façon bordélique et chaleureuse », avant de repartir à la capitale et sur les routes de toute la France… C’est que cet animal zébré aime bien paître aux quatre coins du monde ! C’est pour cela qu’il a été choisi comme emblème du Bab El Med, cette grande foire des musiques « world » rassemblant les tourneurs et organisateurs de concerts d’Europe et d’ailleurs. Sans pourtant croiser les cultures, il permet de rencontrer les accompagnateurs de projets, les décideurs des festivals, et de greffer à son planning quelques dates prodigieuses, pour 2011. Chose faite l’an dernier pour la norvégienne Kristin Asbjornsen, Aronas et Kumar le Cubain, les locaux Goldenberg et Shmuylle ou Moussu T. n’ayant guère eu de lots de consolation. il fallait cette année encore savoir se faufiler entre les stands, avoir la plus belle plaquette, et bien du bagout pour sortir du lot, ou sans surprise aucun jamaïcain ne s’était faufilé. Il fallait un forfait illimité et être à l’heure à chaque showcase pour se faire une idée du marché actuel et signer la perle rare. Le reggae jamais inclus dans une telle programmation n’est pas assez typique et trop universel sans doute. Il arrive rarement que des artistes reggae se hissent aux sommets des plus grands festivals de musiques du Monde, Winston Mcanuff et Tiken Jah étant de trop rares exemples. Pour réussir dans ce système anti star-system on comprend qu’il faut se démarquer, s’afficher original et authentique à la fois. Le grand gagnant cette année sera Yemen Blues, qui a délivré un premier concert remarquable, après seulement trois mois de répétitions. Un souffle moderne insufflé par des cordes d’un orchestre symphonique, un bassiste de New York réputé pour ses arrangements, ce soir là au Oud, et une section cuivres à faire palir les plus roots d’entre vous. Le reste appartenait à l’ivresse, la transe, la foi et le goût du chanteur pour le partage. La seule scène où l’on ait vu le plaisir de jouer, jusqu’à en refaire un petit peu plus encore à la fin, comme pour ne pas se séparer brutalement… Les autres artistes en concert showcase ont pu briller de tous leurs feux, il y avait un décalage certain entre leur travail et la passion de Yemen Blues ! Médaille d’argent pour les espoirs de Coronthie, des guinéens enjoués qui ont invité notre rasta méridional Tom à venir danser avec eux, chose que les Jamaïcains n’ont jamais fait ! Mais aussi Ie Blues-reggae du fils d’Ali Farka Touré, les voix acapella des suds Africains dévoués d’Insingizi, le Rock brut de Harissa d’Haoussa, la sensualité de Sevda, et encore on a pas pu tout voir ! Mais ce genre de rayures si rares dans nos salles est ici pour trois jours dans son plus bel apparat : Même si le Reggae est absent, la découverte de ces sons du monde entier impose le respect !… X-Ray
CRITIQUE DU BABEL MED DE 2009 :
http://massilia-reggae-doc.blogspot.com/2009/03/voyages-en-classe-affaires-debarrassees.html